Pauline AUZOU (Paris, 1775-1835)

Portrait de jeune femme de profil gauche Au revers : Jeune femme au voile de mousseline, accoudée, représentée à mi-corps

47,5 x 34,5 cm

Pierre noire, fusain, estompe et rehauts de craie blanche sur papier bleu
Au revers : pierre noire, pastel et estompe

Provenance :
• France, collection particulière

Bibliographie :
• V. P. Cameron, « Portrait of a musician by Pauline Auzou », in The Currier Gallery of Art, n° 2, Manchester, 1974
• Clement-Hemery, Souvenirs de 1793 et 1794, Cambrai, 1832

Sur une feuille de papier bleu de grandes dimensions, caractéristique de l’œuvre dessinée de Mme Auzou , apparaît le profil d’une jeune femme dont le traitement tout en rondeur retranscrit la douceur et l’innocence. Tout comme son maître Jean-Baptiste Regnault (1754-1829), Auzou se fait spécialiste du portrait. La multiplication de ses feuilles d’études permet de déceler la grande attention que l’artiste porte au rendu psychologique de chacun de ses modèles qui lui serviront de référence pour ses œuvres peintes. Le visage de cette jeune femme peut ainsi aisément être rapproché de celui de Daria dans son œuvre magistrale titrée Daria ou l’Effroi maternel (ill. 1) que la peintre présente au Salon en 1810.

Dans notre dessin, le profil est volontairement laissé inachevé. L’artiste se concentre sur la vérité, exemptée de tout artifice. Il s’agit de rendre l’expression de la manière la plus exacte possible. Le modèle semble avoir été prise sur le vif, comme interpellée par un élément provenant de la gauche.

Le caractère remarquable de cette feuille est souligné par la présence d’un second dessin rehaussé de pastel de couleur au verso. Pour cette deuxième étude, l’artiste choisit d’esquisser la silhouette d’une jeune femme debout, représentée à mi-corps, accoudée à ce qui semble être le dossier d’un fauteuil. Le modèle lève le regard vers le haut comme implorant le ciel. Les traits de son visage, empreints de mélancolie rappellent ceux des plus éminents profils de ce début de siècle dont Caroline ou Pauline, sœurs de Napoléon Bonaparte. En effet, après le succès rencontré au Salon, Auzou bénéficie progressivement de commandes de la famille impériale. En 1810, elle expose ainsi fièrement une œuvre titrée L’Arrivée de l’impératrice Marie-Louise à Compiègne le 28 mars (ill. 2).

En travaillant sur les profils féminins du clan Bonaparte, il est tout à fait possible d’imaginer que l’artiste ait réutilisé ses études comme modèles pour certains personnages de ses œuvres peintes. La princesse Pauline notamment, canon de beauté immortalisé par de nombreux artistes dont Antonio Canova (1757-1822) entre autres, présente des traits similaires à notre modèle dont une grâce évidente qui marqua ses contemporains (ill. 3). Elle est coiffée d’un fin voile à la mode des vestales antiques et vêtue d’une robe Empire, légère, décolletée, simplement ceinturée sous la poitrine. On peut imaginer que la jeune femme se couvrait les épaules du châle de cachemire rouge sur lequel elle s’accoude.

Formée par un atelier prolifique, exposant au Salon jusqu’en 1817, Auzou fera elle-même profiter d’autres jeunes artistes de son talent en créant un atelier qu’elle dirigera durant près de 20 ans.

M.O

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