53 x 63,5 cm
1916
Pastel sur papier
Signé et daté Firmin Baes 1916 en bas à droite
Provenance
• Belgique, collection particulière
Bibliographie :
• Georgette Naegels-Delfosse, Firmin Baes, Bruxelles, Éditions d’Art Associés, 1987
« Il y a dans son art quelque chose de ferme et de mâle et, à la fois, d’enveloppé. Son coloris a de la sobriété́ et de l’éclat. [...] Il voit et caractérise avec une simplicité́ pénétrante [...] Rien n’est là pour l’attendrissement romantique. »
La formation artistique du jeune Firmin débute auprès de son père, le peintre-décorateur Henri Baes, professeur à l’Académie de Bruxelles. Il poursuit son apprentissage sous l’égide de Léon Frédéric, un ami de la famille, puis à l’École des Beaux-Arts et, enfin, dans une académie privée, « la Patte de Dindon », située au-dessus d’un estaminet du même nom sur la Grand’Place de Bruxelles.
A l’âge de 24 ans, Baes rejoint le Cercle Pour l’Art, fondé six ans plus tôt par les membres du groupe L’Essor. Grâce à cela, il expose pour la première fois au cercle en 1900 puis à l’Exposition Universelle de Paris une œuvre titrée Les Tireurs à l’Arc qui lui confère un succès sans précédent. Devenu spécialiste du portrait, sa reconnaissance lui permet désormais de multiplier les commandes. Sa clientèle est constituée de membres de son cercle familial, de l’aristocratie ainsi que de la bourgeoisie belge dont la fameuse comtesse d’Aerschot qui lui passa commande en 1915.
Loué pour ses dons de coloriste et sa grande maîtrise du dessin, la plupart de ses œuvres de jeunesse sont des huiles et des fusains. A partir de 1910, il découvre la technique du pastel. Passionné par ce nouveau médium, complexe et délicat, il s’y attèle et s’y consacre presque exclusivement. Pour cela, il commence par tracer les contours du dessin au fusain, technique qu’il maîtrise parfaitement, puis s’attèle à la couleur en multipliant les teintes, passant d’un orange flamboyant au gris charbonneux délicatement estompés au doigt.
Une grande partie de l’œuvre de l’artiste est consacrée à la représentation d’une autre classe de la société belge, celle des travailleurs attelés à leur tâche, représentés dans la simple beauté de leur quotidien. Il s’agit d’une dentellière, d’une tricoteuse, tantôt endormie, tantôt à son ouvrage (ill. 1), une jeune femme à sa toilette ou encore, comme ici, une jeune femme veillant sur un berceau. Bien que l’identité de ces jeunes femmes demeure inconnue, il semblerait qu’elles fassent partie de rencontres ou connaissances de l’artiste lors de ses séjours d’été à la campagne, notamment à Faulx- les-Tombes près de Namur. Baes y loue le château de Ville, puis achète plus tard un terrain et y fait construire une villa baptisée « Le Chenois ». C’est vraisemblablement à Faulx-les-Tombes que son répertoire s’enrichit de ces nouveaux modèles réalisés d’après nature, comme des souvenirs impérissables de son pays et de cette atmosphère rustique où il avait grandi, traitée sans artifice.
Le peintre avait pris l’habitude de consacrer ses matinées aux portraits et l’après-midi aux natures mortes. Exceptionnellement, c’est à la lumière de l’électricité, nouvelle en ce début du XXe siècle, probablement en soirée, que se déroule la scène offerte à nos yeux. Tout dans cette œuvre inspire le silence et la quiétude. Nourrice ou jeune mère, la figure féminine ne semble pas interrompue par l’intervention de l’artiste. Comme sortie tout droit d’un tableau de maître hollandais du Siècle d’or, elle est coiffée d’un fichu et vêtue humblement, posant délicatement le regard sur le berceau où l’on devine un enfant endormi. Il s’agit probablement d’une maison dans laquelle l’artiste se rendait régulièrement. L’intérieur se retrouve dans quelques autres compositions dont Dentellière à son ouvrage dans un intérieur (ill. 2).
Firmin Baes se fit connaître pour l’exquise finesse de ses pastels. Matériau fragile et velouté, l’artiste usa d’une technique particulière de pastel sur toile, préparée selon un procédé qu’il avait élaboré lui-même et dont il conserva le secret jusqu’à sa mort en 1945.
M.O