Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier chamois
La famille Dumont est une célèbre dynastie d’artistes. Elle compte de nombreux sculpteurs, parmi lesquels Alexandre Dumont, auteur du Génie de la liberté en haut de la Colonne de Juillet, aujourd’hui sur la place de la Bastille.
Jean Dumont se forma dans l’atelier de sculpture de son frère François, membre de l’Académie et qui épousa une fille de Noël Coypel, autre grande famille d’artistes français. Pourtant, peut-être pour s’opposer à la tradition familiale autant que par goût du dessin, Jean choisit la peinture et se rendit en Italie étudier les grands maîtres.
On connaît peu de choses de son séjour et de ses œuvres durant cette période italienne, mais on trouve ses traces à Mantoue, Gênes et Livourne, ainsi qu’à Rome, où il vécut certainement plusieurs années ce qui lui valut son surnom de retour à Paris.
Jean Dumont rentra en France en 1725 et connut un succès et une reconnaissance rapide. Il fut reçu à l’Académie dès 1728 avec un tableau d’ « Hercule et Omphale » (conservé au Musée de Tours). Il reçut tout au long de sa carrière tous les honneurs et les privilèges de l’Académie, tour à tour professeur, recteur, chancelier puis directeur de la prestigieuse institution.
C’est un artiste qui produisit relativement peu d’œuvres, mais qui remporta un franc succès à chaque nouveau tableau exposé, à l’image du beau « Portrait de famille de Madame Mercier » (Conservé au Musée du Louvre).
Il peignait pour les grands amateurs, et reçut de nombreuses commandes pour les églises et les hôtels particuliers, ainsi que des commandes royales. Malheureusement, ses œuvres ont en grande partie disparu au moment de la tourmente révolutionnaire.
Notre belle sanguine est une académie d’homme, réalisée en atelier d’après un modèle, exercice de style qui permet au peintre d’appréhender les différentes positions du corps et de travailler les attitudes des personnages d’une future composition.
Le modelé des chairs est souligné par la sanguine, dont le jeu de hachures et d’estompe permet de produire des effets d’ombres et de lumières nacrées sur le corps du modèle rehaussé de craie blanche.
On connait plusieurs académies de Jacques Dumont, dont deux sont conservées au département des arts graphiques du Louvre. Comme notre dessin, elles sont réalisées à la sanguine d’un trait ferme et élégant, et reflètent le goût de l’artiste pour les jeux d’appuis et de torsion du corps humain. En effet la pose de ce jeune homme assis sur une dalle en pierre, dont on devine à peine le visage, renforce le caractère intemporel et mystèrieux de la compostion.
Nous remercions Madame Chantal Mauduit d’avoir confirmé l’authenticité de notre dessin.
Bibliographie :
L.DIMIER, « Les peintres français du XVIIIe siècle », Éditions G. van Oest, Paris, 1928