Sanguine
Ce dessin d’un nu assis sur un bloc de pierre est typique des études anatomiques du dix-huitième siècle et doit provenir d’un portfolio ou cahier de dessins. Sa pose très athlétique met en valeur la musculature du modèle : poing droit appuyé sur le genou de gauche, tête en arrière tournée vers la droite, bras gauche tendu. L’artiste démontre ainsi sa maîtrise de l’anatomie dans toute sa complexité.
Dans cette œuvre, le dessinateur fait une première mise en place à la pierre noire, puis une reprise vigoureuse des contours musculeux à la sanguine. Il ajoute en dernier des hachures en ombres portées sur le visage et les bords extérieurs de la jambe. Celles-ci peuvent révéler la main d’un jeune artiste, probalement vers 1730, qui hésite entre la sculpture et la peinture. D’une part, autour des jambes, il semble vouloir dégrossir les formes pour indiquer la matière à enlever. On distingue ce traitement aussi sous le menton, sur le bras droit et sur le côté droit de la poitrine. Par ailleurs, d’autres hachures relèvent du peintre qui, en fusionnant les formes avec leur fond, réfléchit au placement des ombres dans un tableau. Le résultat est un mélange de deux méthodes différentes pour projeter un volume sur une surface plate et créer l’illusion de trois dimensions.
Ici l’artiste a parfaitement maîtrisé la conceptualisation des formes et la présence du modèle avec une grande énergie d’exécution.