Attribué à Jacopo Zanguidi, dit BERTOIA (Parme, 1544 – 1573)

Académie d’homme vu de dos et tête de vieillard

Au verso, quatre études de personnages (avec un motif cordiforme surmonté d’une croix et monogrammé G. B. O.). Plume et encre brune

La brièveté de la carrière de Jacopo Zanguidi, conjuguée à son absence des Vite de Vasari, contribuèrent à faire tomber le maître dans l’oubli. Le biographe avait pourtant certainement rencontré Bertoia en 1566, lors de son voyage à Parme ; il devait posséder quelques uns de ses dessins, qu’il publiera dans son Libro dei disegni. Seul un poème d’Edoari da Herba, en 1573, célèbre de son vivant le talent de l’artiste. Né à Parme quatre ans après la disparition de Parmesan, Bertoia fit ses débuts entre sa ville natale et Bologne. Il fut alors influencé par Parmesan, Lelio Orsi, ou encore Nicolò dell’Abate.
A partir de 1568, la carrière de Bertoia se poursuivit sous la protection de deux princes Farnèse, neveux du pape Paul III. Deux chantiers documentés nous permettent alors d’appréhender son talent de fresquiste. Pour le cardinal Alessandro, Bertoia conçut le décor de l’oratoire de Santa Lucia del Gonfalone à Rome. Les scènes qu’il peignit révèlent son attachement au travail des romains, du classicisme de Raphaël au maniérisme de Federico Zuccaro. Il prit en 1569 la succession de ce dernier, à la demande d’Ottavio Farnese, sur le chantier du Palazzo Farnese de Caprarola. Construit par le fameux architecte Vignole, l’édifice accompagnait le prestige d’une famille alors au sommet de sa puissance.
On ne connaît pas plus la peinture de chevalet de Bertoia que son œuvre gravé. Les dessins qui nous sont parvenus attestent toutefois que celui qui se distinguait par ses coloris brillants et transparents maniait habilement la ligne.

Notre feuille figure au recto une académie d’homme de dos, et une étude de visage d’homme âgé de profil. Des esquisses de personnages, et trois lettres ornées dans un motif cordiforme, sont dessinées au verso.
Figure principale, l’homme nu de dos est dessiné dans un contrapposto accentué par la pose des bras, l’un soutenant la hanche, l’autre tendu. La musculature, à la limite de l’écorché, est construite par des lignes courtes qui s’entrecroisent. Les veines sont soulignées par de longs traits de plume, et les contours des membres rehaussés, de la même manière que l’est la Demi-figure de femme nue de Bertoia, conservée au Musée du Louvre. La chevelure en casque, aux mèches désordonnées, évoque celle du Bacchus debout (idem).
Confronter notre feuille à l’Etude d’un nu masculin et d’une harpie, dessin à la plume et encre brune conservé à la Pinacothèque de Bologne, conforte son attribution à Bertoia. On y retrouve les mêmes caractéristiques graphiques du nu : corps humain déstructuré, écriture nerveuse mais précise. Par ailleurs, le type du visage du vieil homme, au nez busqué, à la barbe séparée en mèches stylisées, rappelle le visage du Saint Ermite de Bertoia (Dijon, Musée des Beaux-arts).

Si l’inscription « Di Bacio », au recto, fait référence au maître florentin Baccio Bandinelli, la facture du nu l’inscrit également dans la lignée de Michel-Ange. On observe des similitudes avec le Nu de dos de la Casa Buonarroti (Florence), préparatoire à la Bataille de Cascina. Les deux modèles, en contrapposto, présentent des formes déconstruites soulignant l’anatomie en outrant le naturel, et des contours accentués. Le visage du vieil homme rappelle également les motifs michelangelesques, et particulièrement les traits du Moïse de l’église romaine San Pietro in Vincoli.

Provenance :
Collection particulière
Bibliographie
- Figure. Disegni dal Cinquecento all’Ottocento nella Pinacoteca Nazionale di Bologna, catalogue d’exposition, Bologna, Pinacoteca Nazionale, Academia di Belle Arti, Electa : Milano, 1998, n° 12
- D. DEGRAZIA, Bertoia, Mirola and the Farnese court, Nuova Alfa, 1991

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