27.4 x 34.8 cm
Pierre noire et rehaut de craie blanche sur papier beige.
Annoté au crayon noir Boucher au verso.
Provenance :
• Collection Jacques Bacri1 (1911-1965), Paris.
• Puis par descendance.
• France, collection particulière.
Bibliographie :
• André Bancel, Jean-Baptiste Deshays 1729-1765, Paris, Arthena, 2008.
« (…) Ses académies sont savantes & caractérisées avec fermeté. S’il s’y trouve de legeres incorrections, quelque chose d’outré dans la manière de saisir les formes, ces legers défauts, si toutefois on peut leur donner ce nom, sont plus que compensés par le beau feu qui les a produits, & qui brille de toutes parts, & par l’effet, le goût & la pâte moëlleuse du crayon qui désigne clairement le grand peintre. »2
Fier représentant de la peinture française du XVIIIe siècle, reconnu comme peintre d’histoire, Jean-Baptiste Deshays fut aussi un excellent dessinateur. Il reçut les leçons des plus grands noms du XVIIIe siècle français dont Carle van Loo (Nice, 1705 – Paris, 1765), François Boucher (Paris, 1703 – 1770) et Charles-Joseph Natoire (Nîmes, 1700 – Castel Gandolfo, 1777) : une formation classique, agrémentée des leçons de l’Académie qu’il intègre en 1751, qui définiront sa carrière. Par ailleurs, la rigueur avec laquelle il suivit l’enseignement de ses maîtres mena à de nombreuses erreurs d’attribution.
Jean-Baptiste Deshays meure prématurément à l’âge de 35 ans, laissant toutefois un important corpus de dessins derrière lui, formidable témoignage du mélange des influences qu’il reçut entre Paris et Rome.
C’est sans conteste sous l’autorité de François Boucher que Deshays apprit le mieux à dessiner le corps féminin. Son observation rigoureuse présente ici un corps de femme, dont le mouvement du dos et les courbes appuyées ajoutent à la sensualité de l’ensemble.
On a souvent pu comparer les œuvres de l’élève et de son maître et beau-père3 tant leurs sujets et maîtrise du dessin ont pu être proches. La chair est traitée en hachures maîtrisées chez les deux artistes, mais elle est cependant plus fondue chez Deshays, lui permettant ainsi de transmettre, plus gracieusement encore que son maître, l’idée de volume. La grâce du modèle est aussi accentuée par les membres, volontairement étirés.
En bon académicien, Deshays utilise principalement la pierre noire rehaussée de craie ou de gouache. Le voyage à Rome, auquel il participe après avoir remporté le Grand Prix, lui permet d’agrémenter sa technique. À son retour, Deshays adaptera sa technique au sujet traité. Dans cette étude de femme, le trait souple et délicat permet de donner une légèreté et une élégance au sujet. Plus largement, cette étude illustre l’allégresse caractéristique des figures féminines de la peinture française du XVIIIe siècle, également marquée dans son Etude de femme nue , levant le bras droit (collection privée).
Si l’on en croit les écrits de Mariette, « ses desseins et ses esquisses [furent] vendus fort cher à son inventaire » .4 Loué pour la rapidité avec laquelle il progressa, Jean-Baptiste Deshays remporta un vif succès auprès de ses contemporains pour le lyrisme et la poésie dont ses œuvres firent preuve. Mort prématurément au cours d’une production en plein essor, Deshays reçut cependant de nombreuses commandes qui le placent comme l’un des grands dessinateurs du XVIIIe siècle français.
M.O.
1 Issu d’une famille d’antiquaires, Jacques Bacri était un
historien de l’art. Il se constitua une collection d’oeuvres de
toutes époques, soigneusement sélectionnées, pour lesquelles
il laissa une documentation complète précise.
2 Cochin, Essays sur la vie de M. Deshays, publié par Sandoz,
1977, p. 16
3 Deshays épouse Jeanne-Elisabeth Victoire Boucher, fille de
François Boucher, le 8 avril 1758.
4 Pierre-Jean Mariette, Abecedario, écrit entre 1765 et 1774, ed.
A.A.F., Paris, 1851-1860, t. II, p. 95-96