32,3 x 64,8 cm
Aquarelle, plume, encre noire et rehauts de gouache sur trois feuilles assemblées. Monogrammé et daté 4 octobre 1761 au verso.
Hubert Robert, seulement âgé de 21 ans, entreprit son voyage à Rome en 1754. Il y resta dix ans et logea à l’Académie de France alors qu’il n’avait pas concouru pour le prix de Rome dont seuls les lauréats étaient admis comme pensionnaires du Roi. Mais bénéficiant de la protection du duc de Choiseul, ambassadeur de France puis Ministre des affaires étrangères et de celle du marquis de Marigny, Surintendant Général des Arts et Manufactures puis Directeur des Bâtiments du Roi, Hubert Robert fut autorisé à participer aux études et aux leçons délivrées par le directeur, Charles Natoire, pour être définitivement admis en 1759.
Les artistes italiens travaillant à Rome au XVIIIème siècle, avaient à cœur de peindre, dessiner et graver la ville sous tous ses aspects. A l’Académie, Natoire succédant au directorat de Jean-François de Troy, ajouta de nouveaux exercices au programme des études des académiciens : il encouragea vivement le dessin de paysage. C’est dans ce contexte qu’évolua Hubert Robert. Influencé par Panini (1691-1765) et Piranèse (1720-1778), il s’attacha à glorifier Rome par la représentation des monuments de la ville.
A l’image de notre beau dessin, le caprice architectural, représentation des ruines, de sculptures et monuments existant mais regroupés de façon arbitraire devient un genre à part entière. Le point de vue oblique et légèrement surbaissé favorise l’impression de gigantisme et permet d’apprécier la perspective. Cette vue est notamment valorisée par les jeux de lumière rendus par les lavis de bistre et bruns tandis que des personnages animent la scène.
L’artiste regroupe ici cinq des monuments les plus emblématiques de la ville. Les trois piliers de l’Empire romain, les cultes civil, religieux et militaire de la Rome antique sont représentés par le Panthéon, la pyramide de Caius Cestius, le sarcophage sculpté, la colonne Trajane et l’une des statuts des Dioscures, les frères Castor et Pollux dont le culte est l’un des plus important de la ville.
Un dessin identique intitulé « Ruines » et daté de 1758, est conservé au Musée de l’Ermitage (aquarelle, plume et encre sur papier, 34 x 65,5 cm). Son caractère moins abouti suggère qu’il pourrait s’agir d’une étude préparatoire à notre dessin.
Les œuvres d’Hubert Robert étaient copiés par de jeunes artistes comme par ses contemporains de l’Académie. En effet, les artistes séjournant à Rome n’hésitaient pas à se copier les uns les autres afin de vendre certains de leurs dessins aux amateurs qui y étaient de plus en plus friands. Peut-être est-ce le contexte de création du « Caprice architectural de monuments romains et lavandières » du Metropolitan Museum of Art de New-York, reprenant les grandes lignes de notre dessin et anciennement attribué à Hubert Robert.
Provenance :
Ancienne collection Maurice de Wendel
Galerie Cailleux, avril 1951, « Le dessin français de Watteau à Prud’hon », n°117
Vente Hôtel Georges V, salon Vendôme, Paris, 18 mars 1981, lot 103
Bibliographie :
J. Cailleux, Rome 1760-1770 : Fragonard, Hubert Robert et leurs amis, Paris, Galerie Cailleux, 1983
J. De Cayeux, Les Hubert Robert de la collection de Veyrenc, Valence, Musée de Valence éditeurs scientifiques, 1985