Maxime MAUFRA (Nantes, 1861 - Poncé-sur-le-Loir, 1918)

Côte bretonne (île de Groix ?)

26,8 x 20,7 cm

Circa 1905.
Aquarelle et fusain sur traits de crayon.
Porte le monogramme HM en bas à gauche.

Provenance
· France, collection particulière

Peintre, graveur, lithographe, Maxime Maufra suivit, à Nantes, l’enseignement des frères Alfred et Charles Leduc qui l’initièrent à la peinture de plein air au bord de la Loire. Son père qui le destinait aux affaires, l’envoya faire un long séjour linguistique à Liverpool. Maufra découvrit Outre-manche les paysages gallois et écossais, dont il parsema ses carnets de croquis. En 1883, peu avant de son retour en France, il visita la National Gallery et s’émerveilla devant la lumière des tableaux de William Turner.
L’année suivante, décidé de poursuivre sa carrière artistique, il découvrit l’impressionnisme sous la conduite de Charles Le Roux et John Flornoy. En 1886, il exposa au Salon des artistes français où il fut remarqué par le critique Octave Mirbeau. Sa rencontre avec Paul Gauguin et Henry Moret l’incita à venir à Pont-Aven.
La grande exposition de 1894 chez Le Barc de Boutteville, comportant près d’une centaine d’œuvres et dont l’affiche fut dessinée par Gauguin, vint consacrer le talent de l’artiste. Les expositions suivantes furent organisées par Paul Durant-Ruel qui devint son marchand. Maufra abandonna alors l’esthétique de la peinture « symboliste et synthétiste » pour revenir à l’impressionnisme de Monet, de Pissarro et de Sisley, tout en gardant un recul plus grand vis-à-vis de la réalité. « Si une direction nouvelle doit exister en art, elle doit être plus significative et moins réaliste », affirma-t-il, déclarant peindre « des compositions d’après nature, et non des copies de morceaux de nature ». C’est ce qui apparaît notamment dans la série de ses paysages d’Écosse (1895) aux ensembles massifs et souvent dramatiques.
Toujours attiré par la Bretagne, Maufra loua une maison à Kerhostin près de Quiberon à partir de 1903. Il tenta d’y reconstituer un groupe d’artistes semblable à celui de Pont-Aven, tout en poursuivant son engagement au sein de l’Union régionaliste bretonne. Il fut nommé peintre de la Marine nationale en 1916. « C’était un artiste intéressant. Il avait un sentiment assez vif de la nature », écrivait Apollinaire à la mort du peintre.

Issu d’un lot de dessins conservés dans une famille depuis le début du XXe siècle, notre dessin appartient à cette période bretonne de la carrière de Maufra dont la manière s’affirma au contact de la nature sauvage de la côte sud du Finistère et des îles. Son coup de crayon est énergique et rapide, presque désordonné par endroits. Large ou incisif, le trait est dépouillé et les détails négligés, afin de ne conserver que la trame profonde du paysage. D’où l’apparent schématisme de ses esquisses, qu’il couvre parfois d’annotations de couleurs afin de restituer le plus fidèlement possible les teintes propres à la Bretagne où dominent les roses et les violets granitiques. L’aquarelle vient ainsi réveiller la poésie de ces croquis les habillant de couleurs vives et intenses. Les touches de bleu outremer, de turquoise, de rose fané, de lilas, d’orange, de jaune ocre, de vert émeraude se superposent ou s’épanouissent en aplats délicats et dilués, dans une captivante harmonie décorative.

Bibliographie générale (œuvre inédite)
Maxime Maufra (1861-1918), Musée de Pont-Aven, 1998.
Arsène ALEXANDRE, Maxime Maufra, peintre marin et rustique (1861-1918), Paris, Georges Petit, 1926.

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