Au verso, Étude pour un moine. Pierre noire et rehauts de blanc sur papier bleu. Cachet de collection AM (non identifié) à l’encre noire en bas à droite
Plus âgé que Francesco Vanni et Ventura Salimbeni, Alessandro Casolani (aussi connu sous le nom de Casolano ou Alessandro della Torre) partage avec eux une part importante dans l’histoire et la renommée de l’Ecole siennoise, en cette fin du XVIème siècle.
Élève d’Arcangelo Salimbeni et Cristofano Roncalli à Sienne, il suivit ce dernier jusqu’à Rome en 1578. De retour à Sienne en 1581, l’une de ses plus importantes commandes fut un retable pour l’église Santa Maria Dei Servi, l’ Adoration des Bergers.
Les sujets religieux caractérisent la majorité des travaux de Casolani, mais il en sut en exploiter toutes les formes et les techniques : des retables d’églises aux peintures de chevalet pour des commandes particulières, jusqu’aux travaux de plus grande envergure comme la décoration de la chapelle de la Villa Bartalini à Monistero, tout près de Sienne. Il réalisa également des dessins préparatoires pour gravures sur bois, sujets religieux toujours, exécutés par Andrea Andreani.
La carrière artistique de Casolani s’est surtout développée en Toscane autour de Sienne, même si dans les années 1599-1600 il fut appelé par le Cardinal Federico Borromeo à Pavie, où il contribua à la décoration de la Nouvelle Sacristie.
Il demeura toujours attaché et lié par des projets communs à ses confrères Vanni et Salimbeni, notamment ce dernier avec lequel il réalisa la décoration de l’oratoire de l’église siennoise de la Sainte Trinité, orné de scènes l’Apocalypse.
Casolani fut donc un authentique peintre toscan, un artiste presque régional, dont les très nombreux dessins sont encore conservés à Naples, Gênes ou au département des Arts Graphiques du Louvre. La plus belle collection de dessins de Casolani reste à voir à la Biblioteca Communale de Sienne.
L’histoire de notre œuvre est assez mystérieuse et méconnue. En effet, notre feuille rassemble recto-verso deux sujets à priori assez peu souvent liés : une étude de nus féminins d’un coté, et de l’autre, une étude de moine.
Sur le recto, la présence de ces deux femmes girondes, un peu malicieuses, cherchant presque à capter notre regard, révèle combien Casolani fut un homme de son temps, celui d’un XVIème fuyant, posté à la fin d’un siècle florissant pour les arts, dont il sut tirer les enseignements. Sur cette feuille, on découvre que le nu est peint pour lui-même, il devient sujet à part entière, expression esthétique et profession de foi artistique. La figure humaine replacée dans son contexte peut à présent s’épanouir sur les papiers colorés, et n’est plus soumise au service d’une histoire ou d’un enseignement souvent religieux. Véritables traités anatomiques, nos deux nus féminins évoquent véritablement sous les traits de pierre noire la quête qui fut celle de Casolani : probablement celle des proportions idéales et de la représentation fidèle du corps humain.
Au verso, on trouve cette étude de moine, franciscain sans doute si l’on en croit son habit. S’agit-il de Saint François ? Les traits sont légers, tout juste esquissés et moins appuyés que sur le recto. On imagine volontiers qu’il s’agit d’une étude pour les nombreuses compositions religieuses qui furent confiées à Casolani, peut être même une commande d’un monastère.
Bibliographie :
F.VIATTE, Musée du Louvre : Inventaire Général des dessins italiens III : Dessins toscans XVIeme-XVIIIème siècles, Paris 1988.
C.LOISEL, Le Rayonnement de Florence sous les derniers Médicis - Dessins des XVIIème et XVIIIème siècles, exposition au Musée Bonnat de Bayonne du 25 octobre 2006 au 7 février 2007. Collection Le Dessin en Italie dans les collections publiques françaises, Editions Gourcuff Gradenigo, Montreuil, 2006, p.50-51.