Pierre noire, estompe et rehauts de plume sur papier préparé
Circa 1790
Peintre d’histoire et de compositions mythologiques, Vincenzo Camuccini suivit une formation dans le milieu du néoclassicisme romain et se tourna très vite vers les exemples de David en traitant des sujets d’histoire tels que La Mort de César (1793-1798) et La Mort de Virginie (1804).
Camuccini travailla d’abord avec son frère Pietro, également peintre, et reçut des leçons auprès du graveur Borubelli. Il fut aussi l’élève de Domenico Corvi et étudia les œuvres de Raphaël, Domenichini, Andrea del Sarto et d’autres grands maîtres italiens.
Inspiré par l’idéal du Beau et du retour à l’Antique, Camuccini a probablement réalisé notre dessin autour des années 1790 à Rome dans la lignée de Mengs et de Batoni.
L’œuvre de Camuccini est principalement caractérisée par des sujets religieux et mythologiques, ainsi que par de nombreux portraits : le Pape Pie VII , le Duc de Blacas, Monsieur l’Ambassadeur de France à Rome, le Roi et la Reine de Naples, etc…
Outre son activité artistique, le peintre occupa aussi des postes importants dont celui d’Inspecteur Général des Musées du Pape, de Directeur de la Manufacture des mosaïques et de directeur de l’Académie Napolitaine à Rome. De facture libre et nerveuse, notre dessin annonce avec près de 20 ans d’avance la fougue de Géricault.
Énée est fréquemment représenté en peinture. L’épisode le plus récurrent est celui
d’Énée portant son père Anchise et servant d’emblème pour exprimer la piété filiale.
Plus rare est celui de la descente d’Énée aux enfers sous la conduite de la Sybille (Virgile « Enéide », Livre VI) : dans le tableau de G.M. Crespi (1665-1747, Vienne, Kunsthistorisches), Charon figure au premier plan, et la Sibylle prend Énée par la main ; d’autres préfèrent une large composition paysagère, soit aux Champs Elysées (Sebastiano Conca, 1680-1764, Florence, Galleria Feroni) soit aux abords du fleuve Achéron , fleuve des Enfers.
Notre dessin représente Énée et la Sybille en présence de Charon devant le fleuve Achéron. Le passeur Charon choisit parmi les âmes errantes celles qu’il acceptera dans sa barque, écartant les autres de sa rive.
La prêtresse explique à Énée intrigué que les « refoulés » sont les morts restés sans sépulture, condamnés à errer pendant cent années avant d’être admis à la traversée. Énée, ému par un sort si injuste, distingue, dans la foule, d’anciens compagnons disparus en mer, et notamment son pilote Palinure (6, 317-339).
Charon, qui avait déjà laissé traverser quelques vivants de l’autre côté du Styx (Hercule,
Orphée, etc.) refusa d’embarquer Énée et la Sybille. Finalement, cette dernière parvint
à le convaincre grâce au Rameau sacré, si bien qu’il les accepte sur sa barque.
Nous remercions Mr Christian OMODEO d’avoir bien voulu confirmer l’authenticité de notre dessin qui sera intégré dans le catalogue raisonné en préparation.
Bibliographie :
• Camuccini 1771-1844, Bozetti e designi dallo studio dell’ artista, catalogo della nostra mostra (Roma) a cura di G . Piantoni De Angelis, Roma 1978, p.67 sous l n° 140.
• G.C. de Feo, Note sulla fortuna critica di Vicenzo Camuccini, in Camuccini Finelli Bienaimé Protagonisti del classicismo a Roma nell’ Ottocento, catalogo della lostra (Roma)
a cura di F. Antonacci e G.C. de Feo, Roma, 2003.