64 x 45 cm
1910.
Huile sur papier marouflé sur toile marouflée sur panneau.
Signé en bas à droite
Provenance
• France, Sologne, collection particulière
Issu d’une famille nantaise cultivée, le jeune Paul Chabas étudiait pour rejoindre la Marine, mais lui préféra une carrière artistique, vocation découverte au gré des séjours passés à dessiner dans la propriété familiale située sur les bords de l’Erdre. Agé d’à peine quinze ans, Paul rejoignit son frère Maurice à l’Académie Julian, où il évolua sous la direction de Bouguereau et de Tony Robert-Fleury, et bénéficia de l’influence d’Émile Ménard et de Jules Adler. Dès 1886, il exposait au Salon. Loin de la sensibilité symboliste et spirituelle de son frère, Paul Chabas fut d’abord reconnu comme portraitiste mondain. Il s’illustra au Salon de 1895 avec le portrait de groupe Chez Alphonse Lemerre à Ville d’Avray , commandé par l’éditeur parnassien qu’il représenta entouré des auteurs qu’il publiait : Leconte de Lisle, François Coppée, José-Maria de Hérédia, Alphonse Daudet, Sully Prudhomme.
En 1899, Chabas remportait le Grand Prix pour son tableau Joyeux ébats, couronné l’année suivante d’une médaille d’or à l’Exposition Universelle. L’œuvre rassemble de toutes jeunes femmes s’ébattant dans les eaux du lac d’Annecy. Ces baigneuses fraîches et naturelles s’avérèrent un succès. Désormais, Paul Chabas exposa « presque chaque année […] une nouvelle variation sur la joie de vivre, le charme de l’adolescence, la beauté de la lumière, la tendre harmonie de jeunes corps baignant dans une atmosphère vivante de reflets. […] Était-ce le frisson de la fraîcheur, celui de la pudeur qui courait sur ces jeunes nudités ? Chabas trouva les gestes charmants et nouveaux, et l’on comprend le succès presque universel qu’obtinrent tant de scènes heureuses » . Chabas est un excellent dessinateur, dont la main sûre reflète une éducation classique en quête d’un idéal de beauté. Aussi sensible à la grâce du corps qu’attentif à la représentation du paysage dans lequel il s’insère, l’artiste travaillait souvent en extérieur, et emmenait ses jeunes modèles poser dans la nature, ce qui contribue au caractère spontané de ses œuvres.
L’Étude de femme nue de profil est préparatoire à l’un des chefs d’œuvres de l’artiste, Sous les branches, tableau qui fut accueillit triomphalement au Salon des artistes français en 1910 sous le n° 424 (probablement préparatoire au tableau du Salon), aux côtés du Portrait de Mme Henri Lavedan. Chabas étudie ici avec une grande délicatesse l’une des trois jeunes filles de Sous les branches. Le corps est légèrement penché en avant, les mains jointes sur la poitrine et le visage mutin saisi avec retenu. Le médium employé en transparence laisse paraître l’apprêt du papier. Les lignes du corps souple, aux chairs nacrées, sont tour à tour cernées d’un trait sombre ou rehaussées de l’éclat blanc d’un reflet de lumière.
M.B.
Bibliographie générale (œuvre inédite)
Jean VALMY-BAYSSE, Paul Chabas : sa vie, son œuvre, Paris, F. Juven, 1910.