Fusain rehaussé d’aquarelle sur papier. Signé et daté 18 février 1896 vers la droite. Cachet d’atelier
Artiste accompli et polyvalent, reconnu par ses pairs, Georges Lemmen a
su marquer son temps, participant activement aux recherches esthétiques et symbolistes, alors en cours en Europe. Fils d’un architecte, Georges Lemmen fut l’élève d’Amédée Bourson à l’Académie de Dessin de Saint-Josse-ten-Noode.
En 1884, Octave Maus créait à Bruxelles le Cercle des XX. Dès ses débuts, ce Salon eut sur le monde des arts en Belgique une influence considérable, faisant notamment connaître au public les oeuvres de Seurat et de Signac. En 1889, Lemmen fut invité à rejoindre le Cercle. À partir de 1894, le groupe prit le nom de Libre Esthétique. Lemmen contribua au renouveau des Arts décoratifs et graphiques, en accord avec le projet social de la Libre Esthétique, et dans un esprit lié au Symbolisme et à l’Art Nouveau.
De 1889 à 1893, il exposa à Paris, au Salon des Indépendants, se liant avec le groupe des néo-impressionnistes. En 1893, Van de Velde l’invita à l’association Pour l’Art d’Anvers. En 1906 et 1908, la galerie Druet de Paris lui consacra deux expositions, et en 1913, sa première exposition monographique, à Bruxelles,renforça sa notoriété.
Georges Lemmen eut aussi un rôle important dans la presse et l’édition du début du XXe siècle. En 1908, il collabora à une édition allemande « d’Ainsi parlait Zarathustra » de Nietzsche, pour laquelle il créa un caractère d’imprimerie. Comme illustrateur, il collabora à plusieurs revues et ouvrages. Critique d’art, il fut également publié dans la revue « l’Art Moderne ».
Dès l’époque de la création du Cercle des XX, Lemmen pratiqua une technique pointilliste, et sur des sujets divers, adopta une esthétique proche du néo impressionnisme. Puis sa peinture, de plus en plus appréciée, devint plus souple et plus nuancée, à la manière d’un Van Rysselberghe, également membre du Cercle.
À partir de la Libre Esthétique, sa peinture se fit plus intimiste, dans
des portraits, nus, paysages ou natures mortes influencés par Vuillard et
Bonnard, puis, après son voyage de 1911 dans le Sud de la France, par
Renoir.
Notre étude de têtes d’enfants au fusain, oeuvre atypique dans la production de Lemmen rappelle les études de têtes d’enfants de Berthe Morisot.
Les traits de fusain sont très appuyés alors qu’ils dessinent les contours de toutes jeunes têtes d’enfants. Cette étude extrêmement vivante et pleine de réalisme nous arrache quelques sourires attendris, tant sont justes et affirmés les tracés à l’aquarelle et les ombres au fusain. Le modèle a d’ailleurs pu faire partie de l’entourage proche de l’artiste.
Bibliographie :
• Cardon Roger, « Georges Lemmen (1865-1916) monographie générale suivie du catalogue raisonné de l’oeuvre gravé », Pandora, Anvers, 1990.