Pierre PUVIS DE CHAVANNES (Lyon 1824 - Paris 1898)

"Etude pour le Repos au Musée d’Amiens" et "Etude pour une tête d’homme"

Pierre noire / Pierre noire et sanguine. Signés et titré en bas à droite / Signé en bas à droite

Issu de la grande bourgeoisie lyonnaise, Pierre Cécile Puvis de Chavannes reçoit une éducation classique et traditionnelle avant de se tourner vers la peinture. Après des études de rhétorique et de philosophie au lycée Henri-IV de Paris, puis une formation à l’Ecole Polytechnique, il décide de se lancer dans la peinture à la suite d’un voyage en Italie.
Il débute sa formation auprès d’Ary Scheffer, puis Eugène Delacroix, et enfin dans l’atelier de Thomas Couture. Il reçoit donc une formation classique et académique. On sent d’ailleurs dans les premières années l’influence très certaine de Cabanel, et William Bouguereau, et dans ses premiers opus, une facture très « XIXème ». Puvis de Chavannes sera aussi marqué par les grandes peintures murales de Théodore Chassériau, exécutées pour l’escalier de la Cour des Comptes entre 1844 et 1848 (détruites en 1871 ). De ses deux voyages en Italie, il garde une admiration sans bornes pour les artistes florentins, vénitiens ou bolonais, et notamment pour Raphaël.
Il ne trouve véritablement sa voie qu’à l’âge de trente ans en réalisant le décor de la salle à manger de la résidence campagnarde de son frère (Les Quatre Saisons, Le Retour de l’enfant prodigue).
En 1861, il réalise les fresques qui ornent l’une des galeries et l’escalier d’honneur du Musée de Picardie à Amiens : un cycle important commencé par La Paix, et ensuite complété par la Guerre, le Travail, et le Repos.
C’est à partir de ce moment qu’il bénéficie d’une réelle reconnaissance entrainant d’autres commandes majeures comme pour le Panthéon, la Sorbonne, ainsi que pour le musée de Marseille, le Palais des Beaux-Arts de Lyon, l’Hôtel de Ville de Paris ou encore la Public Library de Boston.
Son obsession de la Beauté et de l’Idée pure lui attirent la sympathie et l’admiration de penseurs et poètes, comme Mallarmé, Alfred Jarry, Jules Verne ou Théophile Gautier.
En 1890, il est le cofondateur de la Société Nationale des Beaux-Arts, qu’il présidera dès 1891.
Grâce à une inspirante sobriété dans le choix des moyens picturaux, et l’utilisation d’une gamme colorée restreinte, l’artiste abandonne peu à peu le style classique et polissé de ses débuts pour développer l’idée d’une peinture solennelle, intellectuelle et épurée. La ligne sobre et les contours définis, la lumière égale et abstraite donnent à ses vastes compositions une ampleur paisible, annonçant bientôt le tournant symboliste initié par l’artiste et son grand ami Gustave Moreau, à cette période charnière entre deux siècles.
Pierre Puvis de Chavannes meurt à Paris le 24 octobre 1898, auréolé d’une gloire exceptionnelle, célébré par les poètes, considéré avec intérêt par ses contemporains, et déjà reconnu comme un personnage clé de l’Histoire de l’art.

Notre feuillet est en réalité un montage tardif, un audacieux assemblage de deux œuvres distinctes, une sorte de dyptique improvisé qui raconte bien l’évolution de l’artiste et ses choix successifs.
Le premier motif est celui d’un jeune berger : le trait est fin et soigné, les contours soigneusement ombrés. Le sujet est tout à fait identifiable car il s’agit d’une esquisse préparatoire au Repos, grande fresque murale citée plus haut, réalisée pour le Musée de Picardie à Amiens. En bas à gauche de ce premier feuillet, on peut lire « Figure pour le Repos – Musée d’Amiens ». Dans la composition finale, notre berger a perdu son bâton et se trouve appuyé sur un camarade mais l’artiste a conservé pour ce personnage la même pose et la même allure. On sent bien ici la rigueur académique qui a caractérisé les premiers travaux monumentaux de Puvis de Chavannes, et le style des années 1860.
En revanche, notre tête de jeune homme à la pierre noire et sanguine préfigure déjà le tournant symboliste initié par l’artiste, éloigné de la sensibilité visuelle autant que de la pression académique. Dans ce dessin précis, aux traits familiers et anguleux, on retrouve la main de l’artiste, aisément reconnaissable dans ce visage assez générique et typique de ses travaux symbolistes et notamment de ses compositions célébrant une Antiquité nostalgique.

Bibliographie :
- L.RIOTON, Puvis de Chavannes, Editions Larousse
- A.BROWN PRICE, Puvis de Chavannes – A Catalogue raisonné of the painted work, , vol. II, Yale University Press – New Haven & London, 2010. Voir pour comparaison "Le Repos" p.86, Cat.112, reproduit p.87.

Provenance :
France, Collection particulière

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