Pierre noir et aquarelle. Monogrammé au verso en bas à droite
Jean-François Millet grandit près de Cherbourg et commence dès son plus jeune âge à dessiner sur les murs de la maison paternelle. Monsieur Langlois, conservateur du musée de Cherbourg, conseille à ses parents de le faire travailler. Jean-François, tout en continuant à participer à la vie de la ferme, se met à apprendre le dessin, il est bientôt considéré comme un petit prodige. En 1838, il arrive à Paris et commence son apprentissage à l’âge de vingt-quatre ans dans l’atelier de Paul Delaroche.
Millet se passionne très vite pour le Louvre où il passe de longues heures, et c’est là qu’il découvre Michel-Ange, ainsi que Delacroix, Poussin et Giorgione. Dans son atelier de la rue Princesse, il travaille sans relâche, écrasé petit à petit par les problèmes matériels et par la capitale elle même, dont la vie tourbillonnante l’effraie un peu.
Il peint d’abord, à ses débuts des portraits et des sujets mythologiques. En contact, à partir de 1847, avec Daumier, Dupré et Troyon, il présente au Salon de 1848 le Vanneur aujourd’hui conservé au Louvre, premier tableau tirant son sujet de la paysannerie, très apprécié surtout dans les cercles d’avant-garde.
Bouleversé comme tant d’autres artistes par la révolution de 1848, il devient "le peintre des paysans", il allait alors consacrer sa vie entière à la célébration quasi religieuse du labeur discret et grandiose du monde paysan. L’exaltation de l’homme au travail, nouveau héros des journées de 48, liée chez Millet à une compréhension profonde de la vie populaire, a joué un rôle important pour l’affirmation du réalisme au cours du XIXème siècle.
Fuyant la terrible épidémie de choléra qui sévit à Paris en 1849, Jean-François Millet quitte la capitale pour s’installer à Barbizon. Là, il est émerveillé par la nature qui l’entoure, la peinture en plein air s’impose alors à lui. Là, il ne fit pas partie véritablement du Groupe des peintres de Barbizon, bien qu’il les fréquentât, et qu’il eut en commun avec eux un goût naturaliste, et la fuite de la vie citadine.
Millet ne quittera plus ce petit village pendant vingt-sept ans jusqu’à sa mort, le 20 janvier 1875.
Notre feuille travaillée recto verso, d’abord au pastel et à l’aquarelle, et à la pierre noire au dos, montre bien l’intérêt de Millet pour la végétation luxuriante de Barbizon, et de la Forêt de Fontainebleau toute proche, qui n’auront pas manqué de marquer profondément son travail. L’artiste livre ici l’évocation d’un paysage rêvé et énigmatique, à peine animé par les deux figures au pastel noir en bas de feuillet. La sérénité de l’artiste est ici bien palpable : apaisé et ravi par la contemplation de la nature, et loin du charivari de la cité, Millet rend hommage ici au paysage qui l’entoure. L’ensemble est comme à l’accoutumée chez Millet, d’une facture assez dépouillée, avec cette sincérité et cette absence d’artifices, de mise en scène dramatique ou de démonstration qui caractérise bien son œuvre, même dans les travaux les plus mineurs.
Bibliographie :
J.GUIFFREY, P.MARCEL, G.ROUCHESMarcel, Inventaire général des dessins du Musée du Louvre et du Musée de Versailles : École française, Librairie centrale d’art et d’architecture : A. Morancé, Paris, Archives de Musées Nationaux et de l’Ecole du Louvre. vol. 11.
L.SOULIE, Peintures, aquarelles, pastels, dessins de Jean-François Millet : relevés dans les cata-logues de ventes de 1849 à 1900 ... précédé d’une notice biographique par P. Mantz, Editions L. Soulié, Paris 1900, coll. Les grands peintres aux ventes publiques.
L.MANOEUVRE, Jean François Millet : pastels et dessins, Bibliothèque de l’image, Paris, 2002.
S.GUEGAN, Millet, peintre paysan, Editions Flammarion, Paris 1998.
R.BACOU, Millet, dessins, Bibliothèque des Arts, Paris, 1975.