Fusain, pastel et rehauts d’aquarelle sur papier.
Monogrammé GL et daté 1908 en bas à droite.
Georges Lemmen occupe une place centrale dans l’art belge et international. Il fût, dès 1888 membre du Cercle des XX à Bruxelles. Ce salon, crée en 1884 par Octave Maus, est un lieu de partage des idées d’avant-garde de l’époque et révélera notamment le talent de Seurat ou encore de Signac.
Lemmen contribua au renouveau des Arts décoratifs et graphiques, en accord avec le projet social de la Libre Esthétique (nouveau nom du Cercle des XX à partir de 1894), et dans un esprit lié au Symbolisme et à l’Art Nouveau. Il livre une abondante production d’affiches, de livres, de papiers peints, de tissus, ou encore de céramique, en créant un style d’arabesques, interprétation originale des modèles orientaux et anglais. On sait qu’il se lia avec l’artiste Henri Van de Velde, pionnier des arts appliqués. Ensemble ils livreront des images emblématiques de l’Art Nouveau.
À partir de la Libre Esthétique, sa peinture se fit plus intimiste, dans les portraits, nus, paysages ou natures mortes influencés par Vuillard et Bonnard, puis, après son voyage de 1911 dans le Sud de la France, par Renoir.
Notre aquarelle représente une jeune femme assise tenant un miroir. Elle peut être mise en parallèle avec le portrait de Madame Georges Lemmen « La sieste » (collection privée, Bruxelles).S’agit-il d’une sorte de vanité ou tout simplement d’une représentation d’une scène de la vie quotidienne ? Quoiqu’il en soit l’artiste traite ici de tous les domaines de l’Art en élaborant par exemple, sur le mur du fond, un motif de papier peint qu’il réalisa lui-même aux alentours de 1901.
Les années de production de l’œuvre présentée ici correspondent à un épanouissement familial de l’artiste qui donne lieu à « une floraison discrète d’art intimiste dans un esprit d’observation à la fois doux et aigu » (selon Madeleine Maus, Trente années de lutte pour l’art, 1926). Les scènes intimistes forment désormais l’essentiel de la production de l’artiste qui représente les êtres qui lui sont chers occupés à des activités quotidiennes. Lemmen est porté par son goût très personnel pour la couleur qu’il place, pour ainsi dire, comme bon lui semble.
Lors d’une exposition Charles Morice écrira dans le Mercure de France à propos de la production des années 1906/1908 « Nous constatons dans la production de l’artiste des modifications qui témoignent d’un notable développement. M.Lemmen montre aujourd’hui plus de force que naguère, plus de solidité, plus de tenue. La peinture est devenue plus sonore, plus sensuelle ».
Bibliographie :
Roger CARDON, « Georges Lemmen (1865-1916) », Ed. Pandora, Anvers, 1990
Roger CARDON, « Georges Lemmen (1865-1916) », exposition au Musée d’Ixelles de 1997. L’œuvre est reproduite en page 175