44 x 33 cm
Plume, encre brune et lavis brun sur trait de pierre noire.
Annoté à la plume en bas à gauche "Palma", et "n° 135" en haut vers le centre
Provenance :
• Ancienne collection Giuseppe Vallardi (1784-1863), cachet à l’encre bleue en bas à gauche (L. 1223).
• Ancienne collection Louis Corot (ca. 1840-1930). Son cachet (L 1718).
• Ancienne collection Charles Férault. Son cachet (L.2793a).
• France, collection particulière.
Bibliographie- :
• Fiamminghi a Roma : 1508-1608. Artistes des Pays-Bas et de la principauté de Liège à Rome à la Renaissance, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 24 février-21 mai 1995, Bruxelles, Société des expositions du Palais des beaux-arts, Snoeck-Ducaju & Zoon, 1995.
• Simone Bergmans, Denis Calvart : peintre anversois fondateur de l’école bolonaise, Bruxelles, Palais des Académies, 1934.
La paternité de notre dessin revient probablement à un artiste flamand travaillant à Rome dans la seconde moitié du XVIe siècle dont la qualité d’exécution se rapproche de l’œuvre de Denys Calvaert.
Calvaert fait partie de ces artistes flamands actifs en Italie, originaires des provinces du sud ou du nord des anciens Pays-Bas, surnommés par les italiens les Fiamminghi. Comme beaucoup de ces artistes, Calvaert sut tirer partie de la leçon italienne tout en conservant les caractéristiques flamandes, donnant ainsi naissance à des œuvres hybrides d’une qualité d’exécution remarquable.
Né à Anvers, Calvaert arrive à Bologne en 1562 et se rend à Rome en 1572. Entre les deux capitales de l’art, il complète sa formation en étudiant directement d’après l’architecture antique. Elle tient une place importante dans son œuvre puisqu’elle occupe presque systématiquement l’arrière plan de ses scènes religieuses. Dans notre dessin, elle se traduit par la fidèle représentation des colonnes ioniques.
Excellent dessinateur, Calvaert nous a laissé un formidable ensemble d’œuvres graphiques. La finesse et la qualité d’exécution de notre dessin nous laisse penser qu’il s’agit, au-delà d’une œuvre préparatoire, d’une œuvre finale. Probablement admiré pour sa qualité, l’ensemble a par ailleurs été finement incisé, comme procédé visant à graver l’œuvre.
Savamment construite en V, notre composition présente des personnages dont les corps en mouvement sont disposés de manière à occuper toute la surface de la feuille. Dans les deux scènes présentes au premier et second plan, chaque figure est traitée individuellement de sorte à accorder à chacune une importance particulière.
À travers ces poses exagérées, Calvaert explore le maniérisme à son plus haut degré. En effet, l’intensité de ces deux épisodes bibliques, comprenant La Flagellation au premier plan et Le Christ devant Caïphe (évangile selon Jean 11.51-52) au second plan fut traité par nombre de ses contemporains (Ambroise Dubois (Anvers, 1542 – Fontainebleau, 1614), Flagellation, huile sur toile, 1576-1578, Rome, Galleria Borghese). Elle lui permet d’explorer au maximum les effets des torsions des corps et de rendre avec virtuosité tout le travail sur l’exacerbation des musculatures puissantes qui rendent cet effet sculptural si caractéristique, hérité de l’œuvre des maîtres anciens et principalement de Michel-Ange (Caprese, 1475 – Rome, 1564) dont Calvaert avait copié la voûte et le Jugement dernier de la chapelle Sixtine.
Les surfaces sont élégamment creusées par des effets de lavis formant les volumes et les ombres modelés des musculatures, des drapés ainsi que des visages allongés par des barbes sinueuses caractéristiques de l’œuvre de Denys Calvaert. Les têtes d’expressions sont elles aussi très proches de l’œuvre de Calvaert : les yeux noyés dans l’ombre des arcades sourcilières traduisent ici la férocité des bourreaux du Christ.
Notre dessin se situe entre la dernière période du maniérisme et les premières manifestations du baroque. L’extrême raffinement de la technique le rapproche de la main de Denys Calvaert, formidable représentant du carrefour d’influence qu’incarne Rome à la fin du XVIe siècle. L’œuvre reflète également plus largement l’intense renouvellement de la piété religieuse appelé « Contre-Réforme » issue du Concile de Trente qui fixe des règles quant à la représentation des images religieuses.