Huile sur papier marouflé sur toile.
Situé et daté 1837 à la plume au verso
Notre huile sur papier fut peinte sur les hauteurs de Nice ; la vue est prise depuis la route qui mène à Villefranche-sur-Mer. Derrière le premier plan, un talus ocre où court une végétation typiquement méditerranéenne, on découvre en contrebas un lacet de la route en terre battue sur laquelle cheminent des voyageurs, des promeneurs, un paysan et son âne. A l’arrière-plan, la vue est dégagée sur le vieux port de Nice, derrière la colline du château. Le littoral s’étire pour clore l’horizon. La facture est large, d’une liberté et d’une efficacité qui rappellent la manière de Jean Charles Joseph Rémond, auquel on peut attribuer notre œuvre.
Jean Charles Joseph Rémond commença sa formation dans l’atelier de Jean-Baptiste Regnault. A l’âge de dix-neuf ans, il entra à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’atelier du paysagiste Jean-Victor Bertin, vivier d’une génération de paysagistes de renom. Rémond s’y lia notamment à Michallon. Cette même année 1814, il faisait son entrée au Salon avec deux paysages historiques. C’est dans cette catégorie que lui fut décerné le Prix de Rome en 1821, à l’unanimité.
Doté d’une technique assurée héritée de sa rigoureuse formation académique, Rémond profita de ce long séjour italien, jusqu’en 1826, pour parfaire et libérer son style : il multiplia les séances en plein-air, qui le conduisirent de Naples à Tivoli et de Padoue à Venise. A son retour, il publia un recueil de vues italiennes. Rémond fut également professeur, ce qu’il doubla d’une activité théorique : il rédigea plusieurs traités présentant ses principes de composition du paysage. En 1827, il ouvrit un atelier où l’on compta parmi ses plus fameux élèves Théodore Rousseau et Eugène Fromentin.
Si les convictions de Rémond demeurèrent néoclassiques, il fut néanmoins un acteur du développement de la peinture de plein-air. Infatigable voyageur, il rapporta de ses périples en France, en Italie et en Suisse des centaines d’études peintes sur le motif. On y décèle la sensibilité de son regard, la sûreté de son dessin et la qualité de sa technique. Pour son sujet autant que sa facture, notre œuvre peut être rapprochée du Paysage italien avec la vue d’un port conservé au Fitzwilliam Museum de Cambridge (huile sur papier marouflé sur toile). On peut également la confronter au Paysage montagneux sur la route de Naples du Getty Museum, daté vers 1820 (huile sur toile).
Provenance :
France, collection particulière
Bibliographie :
A. OTTANI CAVINA, Paysages d’Italie : les peintres du plein-air, 1780 – 1830, catalogue d’exposition, Paris : Grand Palais, Mantoue : Palazzo Te, RMN, 2001
G. VARENNE, Le peintre Jean Rémond : 1872 – 1913, Nancy : Edition de la Revue Lorraine illustrée, 1914