Aquarelle sur papier.
Signé et daté en bas à gauche h.Harpignies. 92.
Palette d’études de couleurs au verso à l’aquarelle.
Henri Joseph Harpignies, à l’âge de vingt-sept ans, entreprit une courageuse reconversion professionnelle. Lassé de son métier de voyageur de commerce et porté par son amour de la peinture, le jeune homme embrassa sur le tard une carrière remarquable d’artiste romantique. Il fit son apprentissage dans l’atelier du paysagiste Jean-Baptiste Achard, mais son inspiration lui viendra d’avantage de l’étude des oeuvres de Corot et de l’École de Barbizon dont il est un fervent admirateur. Riche de ces bases solides il développa avec brio un style qui lui est propre et qui témoigne d’une très forte personnalité.
C’est ce caractère emporté et passionné qui le poussa à fuir la France, vexé et humilié par le refus au salon de 1863 de son tableau « Les canards sauvages » qu’il détruisit de colère. Il se rendit donc en Italie d’où il revient en 1865 avec de nombreux paysages.
La particularité d’Harpignies réside dans son usage très personnel de l’aquarelle. Sa réputation se propage rapidement outre-Manche et l’artiste est convié à exposer à Londres, à la très prisée New Water-Colours Society.
Ce sont les paysages forestiers qu’il se plait le plus à traiter. Bien que d’une fidélité sans faille au rendement juste de ce qu’il observe sur le vif et à sa représentation naturaliste des paysages, Harpignies ne se prive jamais de plonger dans une atmosphère lyrique et poétique tout ce qu’il retranscrit. Il nous offre des paysages chargés de grâce, de vivacité et de sentiments qui en font à juste titre des oeuvres romantiques. Harpignies n’hésitera pas non plus à poser son chevalet dans les coins les plus divers de la France notamment à Nice et à Menton où il a séjourné à la fin de sa vie.
Ici, l’artiste représente un paysage à Beaulieu dans la veine de ses productions antérieures qui lui valurent le surnom de « Michel-Ange des arbres » par Anatole France. Il s’agit d’une de ces fameuses aquarelles sur papier, ici, signée et datée de 1892. Au verso de l’oeuvre on trouve la palette de couleurs dont s’est servi l’artiste pour les nuances de la composition. Il rend avec grâce un profond sentiment de la nature et une lumière vibrante qui annoncent les début de l’impressionnisme dans une étonnante économie de moyen. De son voyage en Italie il conserve ici les réserves de papier qui rendent la transparence de la lumière et de son effet sur les arbres.
BIBLIOGRAPHIE :
Exposition “Peintres paysagistes du XIXe siècle” Galerie Brame & Lorenceau, Paris, 2001.
Paul GOSSET, « Henri Harpignies, 1819-1916 » au Musée des beaux-Arts de Valenciennes, 1970