22,4 x 16,5 cm
1821.
Aquarelle, gouache, plume et encre brune, traits de pierre noire sur papier ovale marouflé sur cuivre.
Signé et daté hesse 1821 près du bord droit.
Provenance
· France, collection particulière
Henri-Joseph Hesse entra à l’École de l’Académie en 1795, et suivit les cours de Jean-Louis David et de Jean-Baptiste Isabey. Il se fit connaître comme miniaturiste sous l’Empire, puis à la Restauration en réalisant les portraits de grandes figures de la vie politique et culturelle de Paris, comme ceux de Talleyrand, Madame de Staël, et, à de nombreuses reprises, de la duchesse de Berry, dont il fut l’un des artistes préférés. Il participa aux Salons entre 1808 et 1833. Élève de Gros, son fils Alexandre devint un peintre d’histoire célèbre.
Notre miniature figure un jeune militaire qui porte un uniforme caractéristique des hussards indiquant l’origine hongroise de ces troupes de cavalerie. Il s’agit d’une pelisse bleu roi brodée de nœuds hongrois en soutache et galonnée de tresses d’or. La bordure du col est en fourrure de mouton noir. La pelisse est endossée intégralement et non portée sur l’épaule gauche par-dessus de dolman, ce qui empêche de voir la couleur de celui-ci. Traversant la pelisse, la banderole de la giberne est également couleur or et ornée d’une couronne fermée surmontée d’une fleur de lys et reliée par des chaînes à un écusson au monogramme de Louis XVIII qui avait remplacée l’aigle impériale sous la Restauration. Enfin, le cordon double de la pelisse s’enroule autour du col et se déploie sur l’épaule gauche du modèle : il s’agit d’un cordon-raquette de grande tenue indiquant sa qualité d’officier. Les trois pompons sont garnis de franges fines et non des torsades épaisses, ce qui correspond au grade de lieutenant.
La pelisse bleue bordée de fourrure noire aux parements dorés fut portée par les officiers du Sixième régiment de hussards. Cet escadron de deux cents hommes fut créé en 1792 sous l’appellation « Hussards défenseurs de la Liberté et de l’Égalité » ou « Légion de Boyer ». Rattaché deux mois plus tard au Septième régiment de hussards, il devint en 1793 le Sixième régiment. Il conserva cette dénomination jusqu’à sa dissolution en 1926, sauf entre 1816 et 1825 où il porta le nom du « Régiment de hussards du Haut-Rhin ».
Notre modèle porte les cheveux longs et bouclés au fer à la mode des années 1820, conciliant carrière militaire et élégance toute parisienne. Le souffle romantique se ressent dans le regard profond dirigé hors du cadre de ces grands yeux bruns, mais également dans le paysage vallonné et brumeux de l’arrière-plan et le ciel orageux délicatement dégradé que l’artiste employa pour d’autres portraits de cette époque. Héritée d’Isabey, la technique virtuose de Hesse permet un rendu précis des moindres détails, des boucles de passementerie jusqu’aux reflets de lumière sur la pupille et près de la paupière inférieure.
M.L.M. & A.Z.
Bibliographie générale (œuvre inédite)
Yves BARJAUD, Les Hussards : trois siècles de cavalerie légère en France, Paris, 1988.
Nathalie LEMOINE-BOUCHARD, « Henri-Joseph Hesse, sous le feu de la critique », Lettre de la miniature, n°16 (2013), p. 6.
L. ROUSSELOT, « Hussards, Généralités 1804-1812 », Armée Française, planche no 22.
Abbé André Pierre STAUB, Histoire de tous les régiments de hussards, Paris, 1867.