Attribué à Antoine VESTIER (Avallon, 1740 – Paris, 1824)

Portrait de femme à la robe de dentelle et au nœud bleu

Diamètre : 7 cm

Miniature sur vélin

Provenance :
• Vente Ader, 6 février 1978, reproduit sous le numéro 110 ;
• France, collection particulière.

Bibliographie :
• Anne-Marie Passez, Antoine Vestier, La Bibliothèque des Arts, Paris, 1989

Sur un support de vélin n’excédant pas les 7 centimètres, apparaît un délicat portrait d’une jeune femme vêtue à la mode champêtre lancée par la reine Marie-Antoinette dans les dernières années du XVIIIe siècle. Nous proposons d’attribuer cette miniature à la main d’Antoine Vestier, peintre qui se fit une spécialité du portrait, dont nous connaissons quelques miniatures dont le fin traitement peut être comparé à notre œuvre.

Antoine Vestier fut souvent comparé à ses aînés dont il s’inspira tels que Perronneau, Roslin, Duplessis, Greuze et Drouais. L’attentive observation de leur œuvre permit à l’artiste de développer la virtuosité de son pinceau.
Né d’une famille étrangère au monde de l’art, le jeune Vestier connaît quelques difficultés à s’introduire dans ce milieu mais aussi financièrement pour suivre les cours de l’Académie. Âgé de trente-cinq ans, l’artiste produit des huiles et miniatures d’une très belle facture traduisant une grande facilité d’écriture.
Il s’établit comme portraitiste et peintre de genre dont les nombreuses commandes lui permettent de se rapprocher de la noblesse. Agréé à l’Académie en 1785, l’artiste profite de cette nomination pour multiplier sa production et espérer retenir l’attention de la Cour.

Notre œuvre se situe dans les années les plus fécondes de la carrière de l’artiste, entre 1782 et 1792. Amateurs et collectionneurs affectionnent particulièrement la capacité de l’artiste à traduire la distinction française à travers la juvénile ardeur et le charme contenu commun à la plupart de ses figures. Loin des portraits d’apparat aux visages figés, Vestier se dédie au portrait de chevalet, ainsi qu’à la miniature comme moyen d’exprimer l’élégance mais surtout l’intimité de ses modèles.

Antoine Vestier laisse derrière lui quelques dizaines de miniatures dont le traitement est très proche de notre œuvre (ill. 1). Parmi ces portraits féminins très demandés, bien souvent épouses, vêtues et coiffées à la dernière mode, notre œuvre représente une jeune femme représentée légèrement de profil, élégamment tournée vers la droite. Dans un format très restreint Vestier accorde une importance toute particulière aux détails physiques de son modèle. La jeune femme est soigneusement maquillée de manière à faire ressortir sa chair nacrée et sa longue chevelure poudrée et bouclée dont les cheveux sont dessinés un à un rappelle ceux des portraits royaux officiels de la reine. Elle est vêtue d’une fine robe de dentelle ornée sur la poitrine d’un élégant nœud bleu, en écho aux robes portées quelques illustres contemporaines dont la duchesse de Polignac (ill. 2).
L’artiste est reconnu pour ses dons de coloriste. La souplesse de son pinceau lui permet de rendre le portrait tout en élégance et en harmonie, jouant des effets vaporeux qui se répondent entre la coiffure et l’étoffe de la robe légère et aérienne.

Au-delà de son appartement au Louvre qu’il reçoit en 1796, Antoine Vestier accède à la gloire durant sept années avant que la Révolution française ne brise sa carrière. La virtuosité précoce de son pinceau justifie le nombre de commandes privées qu’il reçut avant son agrégation à l’Académie : il fut le peintre attitré de quelques puissants particuliers dont la famille Hozier notamment, pour laquelle il réalise six portraits.

M.O

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