Pierre noire et estompe
Notre portrait de la Vierge illustre ici parfaitement le renouveau pictural qui s’est opéré en Italie, amorçé par Masaccio vers 1425 et qui s’est rapidement étendu aux autres cités-états italiennes. Avec Rome et Venise, Florence a canalisé l’apogée de la création Renaissance.
Notre œuvre n’a pas encore d’attribution certaine, mais elle peut être rapprochée du travail de Fiorenzo di Lorenzo, peintre italien de la Renaissance, influencé par le Pérugin, et assez actif à Rome et en Ombrie.
Par ailleurs, le style de notre artiste est à rapprocher de celui de son contemporain Lorenzo di Credi, mais avec un travail plus minutieux et aigu dans l’usage de la pierre noire.
Ce dessin révèle combien l’art religieux du Cinquecento s’est enrichi de nouveaux thèmes : la figure sacrée s’humanise progressivement, et la Vierge redevient sous les instruments des artistes une jeune mère aimante.
Marie est d’ailleurs ici délicatement évoquée, dans ce portrait à la tête penchée sur le côté. Rien ne distingue ici la mère du Christ d’une jeune florentine. On a délaissé le hiératisme médiéval pour l’observation de la réalité rendue plus concrète et plus tangible, même si on cherche moins le réalisme que la beauté et l’harmonie. La philosophie a fourni aux artistes le type humain idéal et notre Vierge en est un bel exemple, dans ses proportions irréprochables, l’ovale parfait de son visage, son nez droit, son front triangulaire et son expression mesurée.
La transparence de la peau de la Vierge, la douceur de la pose, et la forte présence psychologique du modèle, appelé « état d’âme » par Léonard de Vinci, parviennent ici à évoquer la sensation de la vie.
Nous remercions Madame Lorenza Melli qui, après examen sur photo, nous a suggéré une attribution à Fiorenzo di Lorenzo.
Bibliographie :
H.CHAPMAN, M.FAIETTI, « Fra Angelico to Leonardo, Italian Renaissance drawings », exposition au British Museum de Londres en 2010, éditions The British Museum Press, 2010