Fritz ZUBER BUHLER (Locle 1822 – Paris 1896)

« Trois jeunes femmes alanguies avec un putti sur les genoux »

Fusain sur papier beige

Fritz Zuber Buhler fait partie de ces artistes venus chercher à Paris une sorte de consécration artistique. Contemporain (et proche dans le style) de William Bouguereau et d’Alexandre Cabanel, l’artiste fait état dans ses œuvres d’une formation académique certaine, à la fois dans leur exécution et dans leur thème, comme en témoigne notre dessin et sa vision rêvée d’un groupe de femmes. Il a probablement été influençé par le style officiel qui a marqué le XIXè siècle français, cet « art pompier » basé notamment sur une connaissance approfondie du corps humain et sur la correction des imperfections par l’étude de l’Antiquité gréco-romaine.
L’artiste était incontestablement séduit par l’idée académique d’un classicisme idéalisé, d’où son goût pour les sujets mythologiques ou antiques. Il esquisse ici le rêve d’un gynécée où seuls les putti ont droit de cité, un monde féminin, délicat et romantique.

Actif en France et Suisse, ce peintre de genre et de portraits se rendit à Paris à l’âge de seize ans, où il fût l’élève de Louis Grosclaude et de François Edouard Picot (qui fut lui-même celui de David) à l’École des Beaux Arts de Paris.
Zuber-Buhler débuta au Salon de Paris en 1850 et y séjourna jusqu’à sa mort.
Plusieurs de ses oeuvres sont en possession des musées de Bern, Le Locle, Neuchatel ou encore au musée Fabre de Montpellier.

Calme, rondeur et sensualité pourraient assez bien illustrer notre dessin au fusain qui met en scène un trio féminin accompagné d’un putto.
Seule la figure de la femme allongée au premier plan et qui s’étend sur toute la longueur du feuillet, est rendue avec précision sur le papier. Les deux autres figures féminines sont à demi-esquissées, et même le putto sur les genoux de la femme à gauche n’est pas entièrement représenté.

Les poses étudiées, le grain de la peau remarquablement réalisé, la qualité des drapés, l’ensemble fait état d’une rare qualité d’exécution. Véritable expert de la matière, Zuber-Buhler excelle dans cette étude du nu féminin langoureux, sujet qu’il a pu travailler par l’observation des nus couchés vénitiens du XVIè siècle lors de son séjour transalpin.
Exprimant ici sa virtuosité technique dans la ligne harmonieuse et idéalisée, la finesse du modelé, et la perfection des détails, Zuber-Buhler nous emmène dans une antiquitée rêvée au rendu quasi ingresque.

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