Pastel sur papier marouflé sur toile.
Signé à la plume au verso « Joannes Ludovicus Lambert aetatis suae 44 delineavit et traxit Domina Domina ferret anno 1742 »
Provenance :
• France, collection particulière.
• Vendu à Paris, le 3 Mars 1937.
Bibliographie :
• Connaissance des Arts, mars 2010, n° 680, reproduit p. 103.
• Neil Jeffares, « Dictionary of pastellists before 1800 », Unicorn press, 2006, référencé p. 275 (non reproduit).
• Christine Debrie, Xavier Salmon, « Maurice Quentin de la Tour, Prince des pastellistes », somogy, Paris, 2001.
• Ratouis de Limay, 1946.
Jean-Louis Lambert, redécouvert récemment par Monsieur Neil Jeffares,
s’inscrit dans la génération de Maurice Quentin de La Tour.
Nous ne savons pas grand-chose de ce pastelliste et cette oeuvre signée vient enrichir le corpus des contemporains du maître.
Comme ce dernier, Lambert se représente à mi-corps, dans son intimité,
en robe de soie à rayures bleues, mauves et jaune-ocre. Sa tenue riche et élégante met en exergue l’influence vénitienne sur les artistes français actifs en ce premier tiers du XVIIIe siècle.
En effet, la rencontre de Rosalba Carriera avec Maurice Quentin de La Tour lors de son séjour parisien entre avril 1720 et mars 1721 sera déterminante pour l’introduction du pastel en France. Quentin de La Tour débutera sa carrière en copiant les oeuvres de Rosalba Carriera avant de s’en affranchir.
Notre bel autoportrait reflète le goût de l’époque pour l’exercice de style
où les grands artistes aimaient à se représenter dans une posture flatteuse, dans la grande tradition du XVIIe siècle.
Ici, l’artiste se met en scène avec un large béret bleu outre-mer et interpelle le spectateur, comme dans « l’Autoportrait à l’oeil de boeuf » de Maurice Quentin de La Tour conservé au Musée du Louvre. Lambert se démarque de l’expressionisme de La Tour par sa technique plus lisse et soyeuse.
Neil Jeffares rapproche notre autoportrait de celui de Maurice Quentin
de La Tour, intitulé « Autoportrait à la toque d’atelier » (figurant sur l’ancien billet de cinquante francs) où l’artiste se représente coiffé d’une toque semblable à celle de Lambert. Par ailleurs, « l’autoportrait au chapeau clabaud » de La Tour (perdu et connu uniquement par des copies) montre l’artiste légèrement incliné en arrière comme dans notre pastel. Monsieur Jeffares souligne que l’autoportrait de la Tour a été exposé au Salon de 1742 soit un mois avant celui de Lambert. Ainsi, Lambert dont la biographie est presque totalement inconnue pourrait avoir eu accès à l’atelier du maître.
Nous remercions Monsieur Neil Jeffares pour son aide précieuse dans
l’élaboration de la notice descriptive de cette oeuvre.