Pastel sur toile. Signé en bas à gauche
Elève de Cabanel et de Fromentin, Gervex connaît la consécration au Salon avec « Un Satyre et une jeune Bacchante », un tableau acheté par l’Etat et exposé au Musée du Luxembourg (1873) ; un succès confirmé par une médaille qu’il reçoit en 1874. Artiste académique oscillant en symbolisme et impressionnisme, Gervex s’attache également à peindre des scènes à l’intimisme délicat alliant ainsi la rigueur à une grande liberté de facture.
Ami de Renoir et Degas et grand défenseur de Manet, c’est au contact des impressionnistes que sa palette s’éclaircit. À ce titre, Gervex crée un lien intéressant entre le milieu de la peinture la plus officielle et le mouvement impressionniste. Ainsi, influencé par le milieu des avant‑gardes, Gervex fit scandale en présentant son tableau « Rolla », inspiré d’un poème de Musset et refusé au Salon de 1878. Cette oeuvre, actuellement conservée au Musée des Beaux‑Arts de Bordeaux, propulsa pourtant l’artiste vers une carrière internationale. Il exécuta alors des commandes officielles tant en France qu’à l’étranger et exposa continuellement au Salon, et ce, jusqu’en 1923.
Parallèlement aux Salons, Gervex exposa puis présida à la Société des pastellistes français entre 1887 et 1920. Le pastel proposé ici en constitue l’un des plus beaux exemples. Notre jeune femme y est représentée de trois quarts, laissant tout juste apparaître son beau profil. Comme à son habitude dans les représentations de nus, Gervex ne s’attache pas à montrer le visage de son modèle. Au contraire, il l’enveloppe d’une vapeur légère, harmonisant ainsi son délicat teint laiteux aux tonalités de l’arriere‑plan. D’ailleurs, le subtil orangé de la tapisserie japonisante au fond fait écho au rendu plein de charme de la chevelure rousse relevée en chignon.
Remarquons enfin cette chemise qui découvre un sein, illustrant ainsi la préoccupation toute particulière du peintre pour les effets de lumière sur les chaires nacrées.
Empreint d’une grande sensualité, l’artiste laisse le témoignage d’une sensibilité poétique et raffinée mainte fois magnifiée lors de sa première exposition rétrospective au Musée des Beaux‑ Arts de Bordeaux, au musée Carnavalet et au musée des Beaux‑Arts de Nice en 1993. Une exposition qui permit de donner un nouvel éclairage sur l’oeuvre de Gervex, un peintre à la fois controversé et ovationné.
Bibliographie :
• « Henri Gervex 1852-1929 », catalogue de l’exposition au Musée Carnavalet, février-mai 1993, SPADEM, Paris, 1992
• J.C. GOUVENNEC, « Henri Gervex : 1853-1929 », S.I., Paris, 1987