Signé en bas à droite
Reproduit en couleur, référence XII – 176, p. 1549, Catalogue critique des peintures et pastels de Vuillard, volume 3.
Vuillard est né à Cuiseaux en Saône et Loire d’une famille modeste. Il côtoya dès son plus jeune âge le musicien Pierre Hermant, l’écrivain Pierre Veber, le peintre Maurice et ne tarda pas à rejoindre aux côté de son ami le plus fidèle Ker-Xavier Roussel (Moselle 1867-L’étang la Ville 1944), l’atelier du peintre Diogène Maillard (1840-1926).
En fréquentant ainsi le milieu artistique, Vuillard se décida très vite à suivre une carrière artistique, rompant ainsi la tradition familiale qui le destinait à l’armée.En 1886, à 22 ans, Edouard Vuillard intégra l’Académie Julian qui sut marquer son temps ; elle représenta un véritable vivier d’artistes. Il fut également reçu aux Beaux Arts, avec notamment son grand ami Pierre Bonnard. Vuillard fréquenta donc l’Académie Julian avec le peintre Paul Sérusier.
Ce dernier part à Pont-Aven peindre avec Gauguin et il revint avec une toile intitulée le Talisman, véritable manifeste de la couleur pure, autonome, et abstraite. Gauguin les exhorta à ne plus copier servilement la nature mais à oser la déformer si nécessaire pour des raisons purement esthétiques. C’est une première grande leçon de peinture, très vite assimilée par ces jeunes artistes, Pierre Bonnard, Edouard Vuillard et Maurice Denis, Paul Ranson, Paul Sérusier. Fascinés par tant d’audace, ils formeront tous ensemble le mouvement nabi en 1888. Vuillard fut d’abord réticent à l’idée, mais finit, vers 1890, par s’essayer à ses premières œuvres nabis. Ce mouvement pictural a donc été fortement influencé par les idées de Paul Gauguin, et est également très marqué par la vogue du japonisme. En 1890, aura lieu une exposition à l’Ecole des Beaux Arts, de plus de 700 estampes japonaises, par Siegfried Bing qui fut le directeur d’une revue spécialisée dans l’art japonais.
Vuillard développa un goût pour les natures mortes réalistes et les intérieurs domestiques.
Le peintre du monde bourgeois quitte ici l’ambiance feutrée des intérieurs parisiens pour évoquer la villa Clayes, résidence de la famille Hessel, ses amis et protecteurs de toujours. L’intimité s’établit immédiatement entre le peintre et son univers familier, grâce à un dessin totalement libéré du détail, qui met en scène une nature épanouie. L’artiste, qui s’était intéressé au thème des jardins publics, dont il rendit neuf panneaux en 1894, représente à nouveau le motif familier de l’arbre.
Débarrassé de la poésie décorative et saturée de motifs exprimée par le groupe Nabi, Vuillard se décharge ici des artifices picturaux pour livrer la vision épurée d’un jardin familier. Dans notre dessin, l’artiste joue en réserve du papier granuleux pour rendre une atmosphère vaporeuse et intemporelle « à la Seurat ».
Bibliographie :
- Vuillard, Le regard innombrable – Catalogue critique des peintures et pastels, Antoine Salomon et Guy Cogeval, Editions Skira – Wildenstein Institute. Reproduit en couleur, volume 3, référence XII – 176, p. 1549.
- Vuillard, Jeanine Warnod, Editions Flammarion, 1988
- Vuillard, Guy Cogeval, Co-Editions Musée des Beaux Arts de Montréal et National Gallery de Washington.