83.5 x 57 cm
1901.
Fusain et pastel noir sur papier.
Signé, daté et dédicacé en bas à gauche à Maria /Firmin Baes. / octobre 1901.
Provenance
· Belgique, famille de l’artiste par descendance
Au tournant du XXe siècle, avant de s’adonner presqu’exclusivement au pastel, Firmin Baes pratiquait volontiers le fusain et la pierre noire, parfois rehaussés d’aquarelle. Souvent de grands formats, ses feuilles proprement achevées avaient pour sujets des paysages, à l’instar de l’Après l’orage daté de 1904 (aquarelle et fusain, 79 x 108 cm, collection particulière), des nus féminins, des scènes de ville ou de campagne, ainsi que des portraits. En attendant le succès qu’allaient connaître ses portraits au pastel auprès de la haute société belge, les modèles de Baes appartenaient à son entourage proche et à sa famille. Aussi, ce sont les œuvres les moins connus du public, car restés généralement chez les descendants, comme le fusain représentant son oncle, L’architecte Jean Baes daté de 1896 (dimensions et localisation inconnues), le double portrait d’Alice et Irma, sœurs de l’artiste, au piano intitulé Le Duo, ou encore celui de sa première fille, Suzanne à un an (1904, fusain, 48 x 35 cm, collection particulière).
Conservé par la famille Baes, le portrait que nous présentons figure Maria Nélis, la jeune femme de vingt-trois ans que l’artiste rencontra par l’intermédiaire de ses sœurs et qu’il épousa en avril 1902, soit cinq mois après la date de notre fusain. Il s’agit vraisemblablement d’un cadeau réalisé à l’époque de leurs fiançailles. Maria joua un rôle important dans la carrière de son époux, en gérant les questions pratiques et financières du couple. Elle fut également un modèle fréquent de Firmin Baes.
La tête appuyée sur sa main droite, l’index de la main gauche coincé entre les pages d’un livre, la jeune femme est méditative, comme si elle venait d’être interrompue dans sa lecture. Son regard est fixé sur le portraitiste qui saisit amoureusement l’instant. Éclairé par une lumière basse et faible, sans doute celle d’une lampe, le visage de Maria est sculpté par des ombres estompées et les réserves de papier, faisant surgir ses traits de la pénombre. On ne peut qu’admirer la délicatesse et la justesse du clair-obscur, proche du réalisme photographique.
Notre portrait confirme l’opinion d’un critique sur l’art du jeune Firmin Baes qui commença à exposer régulièrement ses huiles et ses grands dessins : « la pensée et l’âme sont les plus grands moteurs de la production d’art et la main très habile ne remplacera jamais l’émotion, les dessins de Firmin Baes nous le prouvent une fois de plus, on vit, on respire, on souffre devant ces fusains, ce sont l’impression et la sensation fixées . »
M.L.M. & A.Z.
Bibliographie générale (œuvre inédite)
Georgette NAEGELS-DELFOSSE, Firmin Baes, Bruxelles, Éditions d’Art Associés, 1987, repr. p. 176.