Adèle ROMANEE (Paris 1769 – Paris 1846)

« Autoportrait présumé de l’artiste en compagnie de sa fille »

Huile sur toile

Adèle Romanée, également connue sous le nom d’Adèle de Romance ou Adèle Romany, était la fille naturelle du marquis Goddefroy de Romance, capitaine de garde, et de Jeanne-Marie Mercier, une femme mariée. Elle adopta le nom de Romance à l’âge de neuf ans, après avoir été légitimée par son père. Elle eut une première fille, Aglaé-Emée, en 1788, avec le peintre miniaturiste François-Antoine Romany. Ce mariage de convention résultait à la fois de contraintes familiales et d’un intérêt pécuniaire. Tirant profit de la récente légalisation du divorce, le couple se sépara en 1793. Adèle Romanée conserva tout de même le nom de son mari pour sa carrière artistique (transformé en Romanée dès 1788). Elle eut ensuite deux enfants de deux pères différents.

L’artiste participa à son premier Salon en 1793, en tant qu’élève de Jean-Baptiste Regnault (1754-1829). Elle en reprend la manière précise et excelle dans les rendus de matières et les détails des costumes. Elle fut très présente au Salon en exposant plus de quatre-vingt œuvres entre 1793 et 1833.
Adèle Romanée peignit quelques tableaux d’histoire et des scènes de genre, mais elle est surtout réputée pour ses portraits d’artistes, qui sont souvent représentés dans leurs costumes de scène. Elle peignit également de nombreux membres issus de la bourgeoisie et de l’aristocratie. Mais ils sont difficilement identifiables et localisables dans la mesure où ils étaient exposés sans dévoiler l’identité des modèles.

Un portrait anciennement attribué à Jacques-Louis David et conservé au Musée des Beaux-Arts de Rouen (v. 1798, huile sur toile, 176,5 x 130 cm) s’apparente à celui-ci. Il s’agit d’un portrait d’une artiste, tout d’abord identifiée comme étant Rose-Adélaïde Ducreux, puis, dans une autre publication, comme Catherine Guéret. Mais un article, paru dans la revue scientifique Apollo, propose d’identifier ce tableau comme étant un Autoportrait d’Adèle Romanée.
Le « Portrait de Jeanne-Marie Mercier » (1799, huile sur toile, 75 x 57 cm, Musée du Louvre), la mère du peintre, peint en 1799, semble confirmer l’identité de la jeune femme. Les traits, particulièrement autour des yeux, sont en certains points ressemblants. Le traitement des lignes et de la surface sont analogues. Ce traitement réapparait d’ailleurs dans le « Portrait d’une harpiste » conservé au Musée des Beaux-Arts de Lille (vers 1795, toile, 92 x 72 cm).

Quoiqu’il en soit, la ressemblance des deux modèles est indéniable. La facture est également identique : le visage est doucement rendu, le dessin souple, les teints porcelaineux et la palette à la fois douce et lumineuse (le blanc de la peau est relevé par des teintes roses, le blanc de la robe est éclatant et répond au bleu ciel du ruban). En outre, leurs coiffures sont similaires. Enfin, notons la présence d’un enfant dans ces deux tableaux.

Les registres du Salon mentionnent deux autoportraits de l’artiste, l’un en 1800 et l’autre en 1810. Charles-Paul Landon, qui écrit à propos des tableaux d’Adèle Romanée au Salon de 1800, en mentionne un autre peint par elle-même au Salon précédent, soit au Salon de 1798. Si ce tableau est, en effet, un autoportrait exposé au Salon de 1798 ou de 1800, l’enfant peint par l’artiste serait Aglaé-Emée Romany, la fille ainée d’Adèle Romanée, alors âgée de dix ans.

Tombée dans l’oubli, l’œuvre d’Adèle Romanée est progressivement redécouverte. La restitution progressive de toiles et la réapparition de certaines d’entre elles sur le marché, permettent de mieux comprendre le travail de cette artiste. A ce titre, une série de six tableaux a été présentée en vente aux enchères chez Christie’s, le 26 juin 2008. Ils provenaient de la collection de l’artiste et furent transmis à ses héritiers jusqu’à cette date.

Provenance :
Probablement exposé au Salon de 1800, sous le n°323 sous le titre "Portrait de l’auteur avec ses deux enfant"

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