63 x 48 cm
Gouache
Signé LANSKOY en bas à droite
Provenance :
• France, collection particulière.
Bibliographie :
• Jean Grenier, André Lanskoy, F. Hazan, Paris, 1960
• Lanskoy [exposition] du 6 mai au 5 juin 1966, Musée Galliera, The Musée, Paris, 1966
« « Tout le mystère de la peinture est contenu dans le coup de pinceau (…). Ce n’est pas ce qui entre dans l’œil du peintre qui enrichit le tableau mais ce qui sort de son pinceau. »
Le goût précoce pour la peinture dont André Lanskoy fait preuve dès son enfance le dirige naturellement vers une carrière artistique. Le jeune Lanskoy étudie à Saint-Pétersbourg puis à Kiev en 1918 – où sa famille s’était réfugiée – en fréquentant l’atelier d’Alexandra Exter (1882-1949). Âgé de seulement 18 ans, il arrive à Paris en 1921 et expose pour la première fois en 1923 à la galerie La Licorne parmi quelques artistes russes dont le fameux Chaïm Soutine (1893-1943).
Lanskoy sut s’entourer des plus grands noms de son temps. Dans les années 30, il est régulièrement invité à exposer son travail à l’Exposition d’Art russe en compagnie d’artistes reconnus tels que Marc Chagall (1887-1985) ou Michel Larionov (1881-1964).
Il trouve un plein épanouissement de son œuvre dans le dessin et excelle notamment dans l’utilisation de la gouache. À partir de 1938, après plus d’une décennie d’un art figuratif, Lanskoy se réoriente vers l’abstraction et exécute des gouaches en séries semi-figuratives puis abstraites. C’est à cette époque qu’il se rapproche de Nicolas de Staël (1914-1955) qui découvre son œuvre lors de l’exposition Gouaches et toiles d’André Lanskoy à la galerie Jeanne Bucher en 1944. Les deux artistes échangent leurs idées artistiques et se lient rapidement d’amitié.
Les années 40 marquent un véritable tournant dans sa carrière. Lanskoy gagne en popularité, son travail est de plus en plus apprécié du grand public et lui permet d’exposer aux côtés des plus grands noms de son temps dont Picasso, Braque, Léger, ou encore Miró. Dans les années 50, son travail peut être admiré à travers le monde : Anvers (1952), Londres (1953) ou Stockholm (1955) et de nombreuses rétrospectives sont organisées à New York (1953, 1957, 1959, 1965), ville dans laquelle il rencontre un succès tel que le musée Guggenheim lui achète Lecture à voix basse en 1957.
« Je commence par ébaucher la composition à l’aide de quelques coups de fusain ou de pastel : c’est le squelette du tableau qui est devenu, à la longue, de plus en plus précis. Les premières vagues de couleurs le modifient mais ne le font pas disparaître complètement. Puis, j’approfondis les formes et j’étudie leurs rapports en me préoccupant de la technique et de la couleur. Parfois, j’introduis un nouveau graphisme, noir ou blanc, en relation avec l’idée qui m’a servi de point de départ ou suivant les exigences du rythme et des formes ».
Notre œuvre date des années 60, considérée comme la période de maturité de l’artiste marquée par l’exposition collective Les peintres russes de l’École de Paris qui rencontre un franc succès. Lanskoy multiplie les gouaches et compositions abstraites pour lesquelles il reçoit de nombreuses demandes (ill. 1).
Après une première période complète figurative, bien qu’il n’aille jamais à une représentation parfaite de la nature, l’artiste accorde une importance particulière à une réalité parallèle picturale. Ses éblouissantes compositions reflètent un univers inconnu, propre à l’artiste. Il perçoit son travail comme une thérapie pour l’apaisement de son esprit mais aussi pour ravir l’œil du spectateur. Dans un savant esprit d’équilibre, les lignes se heurtent et se confondent formant un dessin qui traduit ses sensations et sentiments. L’utilisation de la gouache permet de souligner tantôt la profondeur, tantôt l’intensité de l’œuvre. Lanskoy utilise ici des couleurs à la fois denses et lumineuses qui en font une composition aussi riche que complexe. L’œuvre est une invitation pour le spectateur à faire travailler son esprit de synthèse.
Excellent coloriste, ses œuvres expriment aussi son désir d’ordonner et de maîtriser la couleur et la puissance graphique qu’elle peut dégager. La couleur est aussi utilisée pour sa résonance poétique, elle définit le rythme et les limites des formes en une lecture complexe qui se veut enrichissante.
Lanskoy connaît un grand succès de son vivant. Il fait partie de ces artistes émigrés de Russie dont l’œuvre participe au développement de l’art contemporain en Europe occidentale et en France où leur action fut capitale dans la création et la reconnaissance de l’École de Paris.
M.O