Huile sur toile
Nicolas-André Monsiau fut l’élève de Pierre Peyron à l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Grâce à son protecteur, le Marquis de Corberon, il suivit son maître à Rome en 1776, où fit la connaissance de Jacques-Louis David et de Pierre Henri de Valenciennes. Il y séjourna quatre ans et acheva sa formation à l’Académie de France à Rome. Agréé à l’Académie Royale en 1787, il fut reçu académicien deux ans plus tard avec « la mort d’Agis » (conservé à Paris au Petit Palais).
Monsiau fut l’un des premiers peintres d’histoire à représenter des scènes de l’histoire moderne qui ne sont pas des commémorations de batailles. Son tableau « Louis XVI donnant des instructions au capitaine du vaisseau La Pérouse pour son voyage d’exploration autour du monde, le 29 juin 1785 », fut présenté au salon de 1817, et acheté par Louis XVIII.
Peintre d’histoire, il fut aussi portraitiste et illustrateur. En effet, après 1793, la baisse de ses commissions dues à la Révolution, ainsi que la suspension des fonds de deux de ses protecteurs, le poussa à se tourner vers l’illustration des livres d’Ovide, Jean-Jacques Rousseau, ou encore de Salomon Gessner.
Daphnis et Chloé, le sujet de notre tableau, fait référence au célèbre tableau du même sujet peint par le Baron François Gerard en 1825 et conservé au Louvre. Cette courte pastorale grecque de Longus se situe à Lesbos. Elle met en scène deux enfants trouvés, Daphnis, jeune chevrier, Chloé la bergère, qui découvrent ensemble la sensualité et les plaisirs de l’amour.
Dans notre tableau, Daphnis écrit un poème d’amour sur un arbre, alors que Chloé lui dépose une couraonne de fleurs sur la tête. Le positionnement, les attitudes et jusqu’aux expressions des visages de Daphnis et Chloé sont étonnamment proches de ceux du Baron François Gérard. Son influence fut considérable dans toute l’œuvre de Monsiau.
Le décor bucolique de notre tableau met en valeur le jeu amoureux des jeunes protagonistes. Les effets d’ombre et de lumière en touches sombres sur le feuillage et en aplats sur les chaires tendres, les teintes douces des corps des deux amants agissant en contrepoint aux couleurs vives des drapés à l’antique confèrent à cette scène une atmosphère à la fois enjouée et mystérieuse. Cette œuvre de facture néo-classique et teintée d’une grâce et d’une poésie singulière, témoigne d’un style romantique naissant.
Bibliographie :
“Collectanea, 1700-1800”, Catalogue d’exposition de la Galerie Matthiesen Fine Art, Londres, Jan-Mars 1999