Huile sur cuivre et des rehauts d’or
Le pôle artistique anversois est pris, au XVIIe siècle, dans une dynamique d’échanges et de collaborations entre les artistes. De cette émulation naîtront des œuvres réalisées en binôme, à l’image de cette crucifixion sur cuivre, bel exemple d’œuvre commune entre Hans Jordaens III et Frans Francken III, tous deux membres de la guilde de Saint Luc d’Anvers.
Hans Jordaens III, issu d’une grande dynastie de peintres anversois, étudia dans l’atelier de son père Hans Jordaens II. On retrouve son nom dans le registre de la guilde de Saint Luc d’Anvers dès 1620. Il devient rapidement un artiste renommé et collabora à maintes reprises avec ses contemporains. Parmi ses plus belles collaborations, on trouve le talentueux Josse de Momper ou encore Frans Francken III comme l’atteste l’œuvre présentée ici. Frans Francken III (1607 – 1667), surnommé Francken Rubens, est célèbre pour son décor réalisé dans l’Eglise de Pieter Neefs.
C’est à l’extrême vivacité de la gamme chromatique que l’on reconnait la palette d’Hans Jordaens III. En outre, le traitement des chevaux est typique de l’artiste qui va jusqu’à la stylisation des formes. En revanche, les corps du Christ et du deuxième larron, comme la grande expressivité des personnages simiesque du groupe de droite, suggèrent la main de Frans Francken III.
La leçon héritée de Rubens, outre celle de la couleur, se retrouve dans le fond architectural de Jérusalem que surplombe le mont Golgotha où se déroule la scène. En effet, la ville tout entière baigne dans une sorte de sfumato rosé aux reflets mordorés qui rappellent le grand maître. Comme chez Rubens, la nature et l’environnement se mettent au diapason de la tension dramatique de l’événement. Ainsi le mont Golgotha est représenté par un sol aride et rocheux qui semble être pris dans un orage sur le point d’éclater.
De façon générale cette Crucifixion s’intègre dans les productions nordiques à la faveur de cette recherche minutieuse qui découle de l’observation attentive de la nature et de la lumière. Sur la gauche, en arrière plan, la partie de dés durant laquelle les soldats romains jouèrent la tunique du Christ pendant son agonie.
Le choix d’un support en cuivre aux dimensions exceptionnelles pour l’époque confère à l’œuvre non seulement un caractère unique mais également un rendu magnifié. L’aspect brillant et velouté du support se retrouve en effet dans la luminosité et la richesse des couleurs utilisées notamment dans les vêtements des saints personnages.