Huile sur paragone
Elève de Felipe Brusasorci et d’Alessandro Turchi, Pasquale Ottino exerça une activité intense à Vérone, sa ville natale, où il réalisa surtout des retables.
Durant un séjour à Rome, il fut sensible aux œuvres de Lanfranco et ne pût échapper à l’influence d’un caravagisme devenu académique, comme en témoignent ses œuvres les plus connues : « La Résurrection de Lazare » (Galerie Borghèse, à Rome), « La Madone en gloire et saints » (à San Giorgio in Braida de Vérone), ou encore « l’Annonciation avec Saint Charles » (église d’Oppeano).
Ottino a particulièrement travaillé les sujets religieux et notamment les figures de saints, comme Sainte Catherine et Saint Jérôme, Le martyre de Saint Donat, Les fiançailles de Sainte Catherine ou Le transfert des corps de Saint Rustique et Saint Firmin.
Peint sur paragone, type de marbre noir très dense utilisé à Vérone et en Italie du Nord, à la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème siècle, notre œuvre conserve un aspect semi-précieux, lié à la technique des « pietra dura », fort en vogue à cette époque.
En effet, les peintures sur pierre dure ont été prisées jusqu’à Florence et Rome par les plus grands artistes comme Sebastiano del Piombo, les Bassno, Tempesta, Stella…dans les supports peints (ardoise, lapis-lazuli, agathe, onyx, paesina, albâtre, marbre blanc, gris…) ainsi que dans l’ornementation des cabinets et de certains éléments de décors architecturaux (voir le musée de la Pietra Dura à Florence).
Nous retrouvons d’ailleurs des œuvres sur paragone de Pasquale Ottino dans l’exposition à Milan en 2000 de la collection de peintures sur pierres dures ayant appartenu au grand historien d’art Frederico Zeri.
Notre huile sur paragone dévoile ici une Marie-Madeleine pénitente à la fin de sa vie, au fond d’une cavité rocheuse, avec pour seuls compagnons, une vanité et un putto.
Elle porte les cheveux longs et dénoués en signe d’abandon à Dieu, plus encore que le rappel de son ancienne condition de femme pêcheresse. Ottino illustre ici le retour de la Sainte à une vie d’ascète. La composition est aussi simple que le sujet abordé mais la technique est soignée et la matière quasi porcelainée en réserve du support.
Les tonalités choisies sont assez sombres, et le décor assez spartiate à l’image du lieu choisi par Marie-Madeleine pour expier ses extravagances passées, que seul rappelle d’ailleurs le rose velouté de son buste nu.
Dans un geste d’abandon, mais néanmoins gracieux, elle tend les bras vers un putto qui lui tend un fouet.
C’est là tout le talent d’Ottino, rendre plaisant un sujet assez peu réjouissant : sa Marie-Madeleine pénitente n’a manifestement rien perdu de ses charmes.
Bibliographie :
M. B. CASTELLOTI, « Pietra Dipinta - Tesori nascosti del’ 500 e del’ 600 da una collezione privata milanese », Federico Motta Editore, Milan, 2000. Voir reproductions p. 70 à 75.