Huile sur toile
Si la nature morte était en France, dans la première moitié du XVIIe siècle, la peinture sereine et intime d’une « vie silencieuse », le genre évolua au début du règne de Louis XIV. Les compositions sobres tenant souvent de la Vanité, les formes distinctes influencées par l’Ecole du Nord, laissèrent progressivement place à des œuvres décoratives, aux compositions animées, présentant des objets raffinés dans une facture plus large.
On observe alors chez les artistes français de nouvelles influences ; les références à la peinture baroque italienne se multiplient. Jacques Hupin fut de ceux qui, au milieu du XVIIe siècle, s’installèrent quelques temps en Italie pour y travailler. En 1649, l’artiste était inscrit à Rome dans la paroisse de San Lorenzo in Lucina. Il habitait alors tout près de Claude Lorrain. Il fut certainement en contact, lors de ce séjour, avec les maîtres de la nature morte romaine que sont Francesco Noletti, dit le Chevalier Maltais, ou encore Benedetto Fieravino. Certaines œuvres anciennement attribuées à Noletti (Musées des Beaux-arts de Caen, Carcassonne et Tours), sont désormais rendues à Hupin. Dans une même veine baroque, on retrouve chez le peintre français le goût du Maltais pour les tapis orientaux et les riches orfèvreries. Les compositions de Hupin s’inscrivent également dans la lignée de celles du provençal Meiffren Conte.
Notre nature morte est composée avec soin et équilibre ; la disposition horizontale est classique chez Jacques Hupin. Les éléments sont organisés sur un tapis aux plis lourds et creusés, autre caractéristique du peintre. Dans l’angle gauche, est figuré un perroquet aux couleurs chatoyantes, de profil devant une tenture vert olive. En équilibre sur le bord de la table, sont disposés un plateau en argent et une coupe de fruits en vermeil : raisins, grenades, pommes, figues, prunes et abricots. On retrouve une disposition similaire dans des Raisins, pêches et grenades sur un plateau d’étain de Hupin (vente Christie’s, Londres, 19/04/2002). La matière est ici transparente et les couleurs acides, évoquant la manière de Paul Liégeois.
L’artiste complète ce décor par plusieurs pièces d’orfèvrerie en argent et vermeil, richement ciselées. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, les ustensiles du quotidien furent en effet progressivement remplacés par de véritables objets d’arts, reflétant le goût de l’époque pour les objets de prix. On retrouve dans la composition deux aiguières, parmi les pièces favorites de Hupin, que l’on peut également observer dans sa Nature morte au tapis (Musée du Louvre, RF 1972 38).
Bibliographie :
C. SALVI, D’après nature. La Nature morte en France au XVIIe siècle, Tournai : la Renaissance du Livre, 2000.
F. PORZIO, La natura morta in Italia, Milano : Electa, 1989, tome II, pp. 768-769.
J. BOUSQUET, Recherches sur le séjour des peintres français à Rome au XVIIe siècle, Montpellier : ALPHA, 1980.