Huile sur toile.
Signé en bas à droite « Jeanes »
Jean‑Sigismond Jeanès, peintre de paysages et aquarelliste, était un autodidacte qui se forma en copiant les toiles des grands maîtres en Italie.
Il a d’abord travaillé comme collaborateur des artistes de l’Art Nouveau à Nancy, sa ville natale, pour ensuite beaucoup voyager en Europe, mais aussi en Inde et en Chine. C’est pour cela qu’il n’exposa qu’à partir de 1906, au Salon d’Automne, puis à la Société des Artistes Indépendants. Fort de son succès, il a donné deux importants cartons de tapisserie pour Aubusson en 1925. Deux de ses oeuvres, « Un Soleil couchant » et « Les arbres à Puteaux », sont respectivement conservées au Musée d’Orsay et au Musée du Louvre.
L’artiste peignit essentiellement des paysages à l’aquarelle et à la tempera, de Venise, des Alpes et des Dolomites, son lieu d’habitation et l’un de ses sujets de prédilection. Ainsi, les montagnes des Dolomites se dressent de chaque côté du tableau laissant apparaître en leur centre, une vallée des plus verdoyantes. Les nuances délicates de bleu et vert contrastent avec les nuages d’un blanc éclatant. Quant à la couleur lilas, présente sur les montagnes comme dans les cieux, elle permet d’harmoniser le tout, les montagnes du lointain se confondant avec le ciel.
Le peintre donne ici des aspects de contrées étranges à ce paysage. À la fois fantastique et onirique, il permet au spectateur de survoler cette magnifique vallée montagneuse qui dresse là son imposante majesté.
Un extrait de « L’art et les artistes » à propos de la 3e exposition de la Société Moderne (Galerie Durand‑Ruel) à laquelle participait Jeanès, apparaît comme un véritable manifeste de ce tableau :
« Alors, il [ Jeanès] peint un moment. Mais, en peignant ce moment, il trouve moyen de lui donner, à force de subtilité dans l’observation, je ne sais quoi de permanent et de général qui satisfait. Son tact très sûr d’artiste né, lui fait deviner d’abord lequel des instants il faut choisir… Il y en a toujours un où le spectacle se présente avec sa plus grande force d’émotion, avec sa plus vive beauté. Mr Jeanès intervient à cet instant : son art et sa science très raffiné font le reste. On dit quelquefois visionnaire : il ne l’est que de la réalité. Et il sait quel écart le sépare encore, même dans ses plus étincelantes oeuvres, d’avoir rendu les audaces de la nature. Il les suggère et c’est déjà bien beau. » (Cf. L’art et les Artistes, 7e année, n°73, avril 1911)
Bibliographie :
• « Tableaux de 1880 à 1900. Paysages et portraits », catalogue d’exposition à la Galerie Thierry Mercier, Paris 7e, novembre-décembre, 2002
• G. SCHURR, « Les petits maitres de la peinture
1820-1920, valeurs de demain », Les éditions de l’Amateur, tome IV, Paris, 1979
• « L’art et les Artistes », 7e année, n°73, avril 1911