Deux huiles sur toile formant pendant. Signé et daté Lapito 1833 en bas à droite.
Louis-Auguste Lapito se forma à l’art du paysage dans l’atelier de Louis-Etienne Watelet (1780 – 1866), puis se perfectionna auprès du peintre d’histoire François-Joseph Heim (1787 – 1865). Il conforta cette formation classique par un exercice assidu du plein-air ; sa touche se libéra au fil des excursions en Normandie, et à Fontainebleau où il travailla notamment aux côtés de Corot ; (on trouvait d’ailleurs une œuvre de Lapito dans l’inventaire après-décès de ce dernier).
Si le voyage en Italie faisait partie de la formation classique, Lapito, qui demeura en dehors des arcanes de l’Académie, ne l’exécuta que tardivement ; il lui préféra la France, qu’il arpentait assidument, mais aussi la Suisse qui inspira une grande partie de son œuvre. Dès sa première participation au Salon, en 1827, il exposait le fruit de son travail dans le Tessin. On retrouvait des vues prises autour des lacs de Thoune ou de Brienz aux Salons de 1833 et de 1834, contemporaines de nos deux toiles datées de 1833.
La critique fut dans un premier temps mitigée à l’égard de l’artiste, comme à l’endroit de toute une génération de paysagistes jugés trop prosaïques ; le public rendit toutefois très tôt hommage à son travail, dont la reconnaissance fut symbolisée dès 1835 par une médaille d’or au Salon.
Nos deux tableaux manifestent les qualités de la peinture de Lapito. Il y fait preuve d’un sens de l’observation aiguisé, qui saisit la majesté des paysages de montagne qui l’ont tant inspiré, autant que la scène pittoresque qui animera le décor. Plus que les paysans ou les animaux, c’est la nature elle-même qui est sujet de ses œuvres, mariant un ciel voilé, des reliefs acérés, et une végétation caractéristique de la flore alpestre. De Fontainebleau à l’Italie en passant par les Alpes, Lapito semble fasciné par l’aspect minéral des sites qu’il traverse, et qui domine ici encore.
L’exécution est à la hauteur de ce regard, et la manière de l’artiste est d’une précision qui n’altère en rien sa poésie. Lapito excelle à traduire les nuances de lumières irisant la montagne, animant un lac à l’arrière plan ou une trouée dans les bosquets.
Nos deux toiles conçues en pendant portent au dos la marque de Vallé et Bourniche. Situé au 3, rue de l’Arbre Sec dans le 1er arrondissement de Paris, ce marchand de couleurs fines et vernis, successeur de Belot, était apprécié pour son choix de grandes toiles sans couture.
Provenance :
France, Collection particulière
Bibliographie :
L’école de Barbizon : Peindre en plein air avant l’impressionnisme, catalogue d’exposition, Lyon : musée des Beaux-Arts, Paris : RMN, 2002
Catalogue de tableaux, études d’après nature, esquisses, aquarelles et dessins par Lapito, catalogue de vente du fonds d’atelier, Paris, Drouot, 8 – 9 avril 1872