Huile sur papier marouflé sur carton
Figure majeure de la peinture allemande de la fin du XIXe siècle, Hans Thoma commença sa formation auprès d’un lithographe. La diffusion de son travail et la question du multiple demeurèrent pendant toute sa carrière parmi ses principales préoccupations. Il apprit la peinture à Karlsruhe puis à Düssedolf, où il travailla auprès d’Otto Scholderer – l’un des artistes de L’atelier des Batignolles de Fantin-Latour. C’est par l’intermédiaire de Scholderer qu’il rencontra Gustave Courbet, lors d’un long séjour à Paris. La peinture de Courbet devait exercer sur lui une profonde influence.
La carrière d’Hans Thoma se déroula entre Munich, où il obtint ses premiers succès, Düsseldorf et Florence. On compte en effet l’artiste parmi ces « romains d’Allemagne » qui puisèrent dans la Renaissance italienne l’essence d’un travail moderne dessinant les prémisses du symbolisme. Si Hans Thoma découvrit le symbolisme par le biais d’Arnöld Bocklin, son art demeura plus serein, plus champêtre ; il y a dans les paysages de Thoma, ornés de nymphes ou de bergers, une grâce qui rappelle les œuvres de Poussin.
Hans Thoma dépeint ici le paisible paysage des rives du Main, l’un des affluents de la rive droite du Rhin qui traverse notamment Francfort. Au premier plan, un troupeau d’oies pait sur le rivage herbeux. Quelques arbres s’en élancent, élevant des troncs longilignes et une ramure tronquée par la partie supérieure du tableau. Leurs ombres effilées sont parallèles à la rivière, qui coule tranquillement d’un côté à l’autre de l’œuvre. Une embarcation munie d’une petite voile y navigue. L’autre rive est ceinte d’un rideau de végétation, dont émergent plusieurs hautes bâtisses aux murs ocre.
La palette de l’artiste, lumineuse, rappelle les œuvres de la Renaissance florentine. La manière est très dessinée, les formes sont cernées de traits noirs. Thoma a laissé à maints endroits le papier en réserve, et se sert de cette tonalité brun-grisée pour ombrer ses nuages ou ses oies, pour souligner les bords sablonneux de la rive, ou encore pour dessiner ses troncs, rehaussés de noir et de blanc. Pour le reste du paysage, il emploie une palette franche, accordant des verts tilleul et prairie sur un bleu azur. On retrouve une manière similaire, une composition horizontale et une même fraîcheur, dans le Sunset du North Carolina Museum of Art (1917).
Provenance :
Angleterre, collection particulière
Bibliographie :
F. KRÄMER, Hans Thoma : Lieblingsmaler des deutschen Volkes, catalogue d’exposition, Köln Frankfurt am Main, Wiennand : Städel Museum, 2013
J. BERINGER, Hans Thoma : Radierungen, catalogue raisonné des estampes, San Francisco : Wofsky, 1991
KOZAK, Kraina Thomy : dzieła Hansa Thomy (1839-1924), Warszawa : Muzeum Narodowe w Warszawie, 1990