65,2 x 92,2 cm
1888
Huile sur toile
Signée et datée Blanche Hoschedé 88 en bas à gauche
Provenance :
• Paul Durand-Ruel, acquis auprès de l’artiste en 1927
• Par descendance
• France, collection particulière
Bibliographie :
• Jean-Pierre Hoschedé, Blanche Hoschedé-Monet peintre impressionniste, Lecerf, Rouen, 1961
• Sophie Fourny-Dargère, Blanche Hoschedé-Monet, 1865-1947 : une artiste de Giverny, [cat. exp.], musée municipal A.G. Poulain, Vernon, 6 avril-2 juin 1991
• Philippe Piguet, Blanche Hoschedé-Monet : un regard impressionniste, [cat. exp.], musée de Vernon, 8 juillet - 29 octobre 2017
C’est avec modestie que Blanche Hoschedé mena sa carrière d’artiste, signant de son nom de jeune fille sans jamais y ajouter le nom de Monet. Pourtant, civilement elle porte le nom de Hoschedé-Monet. Sa mère Alice Hoschedé épouse Claude Monet en secondes noces en 1892. 5 ans plus tard, Blanche épouse Jean Monet, l’un des deux fils de Claude Monet et de Camille Doncieux. Elle devient ainsi la belle-fille du peintre, à double titre.
Adolescente, Blanche fait preuve d’une prédisposition naturelle pour la peinture.
Quelques temps avant le mariage de sa mère avec Claude Monet, Blanche passe un temps précieux aux côtés de Claude Monet. Dévouée, elle est tantôt son assistante, tantôt son modèle et observe avec attention celui qu’elle considère comme son mentor. Elle ne fut pourtant jamais considérée comme son élève, Monet lui adresse quelques critiques mais sa véritable formation se fait en autodidacte.
Chez les Hoschedé-Monet, l’union familiale est très forte. Suite au décès de Camille Doncieux, puis de Jean Monet, Claude et Blanche sont profondément bouleversés. Blanche choisit d’interrompre sa carrière et de revenir s’installer à Giverny afin de soutenir son beau-père qui, découragé, avait cessé toute activité.
Lorsqu’elle reprend ses pinceaux, la jeune peintre travaille – tout comme à ses débuts – de manière spontanée pour son plaisir personnel. Influencée par Monet, elle met en scène essentiellement les paysages normands entre terre et mer.
Il est possible de distinguer deux grandes périodes dans la carrière de l’artiste : avant et après la mort de Claude Monet en 1926. Notre œuvre rejoint donc la première période. Chose rare dans l’œuvre de Blanche, la toile est datée. En 1888, elle est âgée de 23 ans et souhaite tenter l’expérience du Salon. Conseillée par Monet et mise en garde pour la difficulté de l’exercice, elle commence vraisemblablement à produire des toiles en janvier pour une potentielle exposition en mars dont notre tableau semble faire partie. L’absence de mention au catalogue et le mutisme du jury laisse envisager un refus, bien qu’aucune preuve manuscrite ne l’affirme.
Pour cette œuvre, Blanche choisit un paysage qu’elle connaît bien, la route du Val près de Giverny qu’elle étudiera plusieurs fois (ill. 1). Comme Monet en 1865 dans La Charrette (ill. 2), Blanche Hoschedé trouve dans ces paysages d’hiver un nouveau défi : rendre les subtilités des flocons nacrés tout juste tombés. Le froid rigoureux gagne l’ensemble de la toile, un épais manteau blanc a délicatement recouvert les maigres pommiers de part et d’autre de la route. L’effet floconneux est rendu par de petites touches virgules morcelées et fragmentées de manière presque frénétique. Un mélange savant des tonalités de blanc et de violet renvoie continuellement la pâle blancheur de la neige à travers la toile.
La rencontre avec Claude Monet en 1876 fut déterminante pour la vie et la carrière de Blanche Hoschedé qui n’a alors que 11 ans. Dès lors, sa proximité avec cette éminente figure du tournant du siècle développe son goût pour la peinture qu’elle pratique pour sa propre satisfaction, renforçant ainsi l’aspect intimiste de ses quelques 200 tableaux aujourd’hui répertoriés.
M.O