Huile sur ardoise ovale mise au format octogonal.
Porte une inscription gravée au stylet au verso « Annibal Carrache peint par lui-même, donné par Monsieur Le Vallory pour le Ministère … »
Passerotti débuta sa carrière de peintre à Rome, où il se rendit au début des années 1550. Son maître, l’architecte Vignole lui fit étudier Michel-Ange, dont l’influence restera toujours présente dans ses dessins, et il se familiarisa avec l’art du portrait dans l’atelier de Taddeo Zuccaro.
De retour dans sa ville natale de Bologne, il ouvrit un atelier qui joua un rôle de premier plan dans la vie artistique de la cité et qui fut fréquenté par des artistes importants, comme Agostino Carrache.
Rapidement affranchi du maniérisme florentin, Passerotti concentra son travail sur la couleur et la richesse de la palette vénitienne. Il élabora un genre très particulier de scènes populaires dans des environnements naturels peuplés de fleurs, de fruits dans lesquels on retrouve une harmonie de tons subtils. Son célèbre tableau « Les bouchers » conservés à Rome porte l’influence indéniable du classicisme des Carrache.
Passarotti s’illustra également dans l’art du portrait dont la plupart sont aujourd’hui conservés au Musée des Offices de Florence.
Son naturalisme sans concession fit de lui le portraitiste le plus actif et le plus recherché de Bologne. Il se fit remarqué par Guido Reni qui admira la qualité de ses portraits « pouvant rivaliser avec ceux de Carrache » (Malvasia 1678, I, p 243).
Plusieurs raisons laissent à penser que notre beau portrait d’homme sur ardoise pourrait être une œuvre de Passerotti. D’abord la qualité du dessin, qui s’illustre par une grande finesse dans les traits et l’expression du visage, et semble nous confirmer la main d’un artiste bolonais important et exercé à l’art du portrait.
L’artiste reprend également un type physique récurent chez Passerotti : le portrait de trois quarts, d’un homme dans la force de l’âge, portant à la mode de l’époque une barbe coupée ras, les cheveux courts et le front large, les sourcils très dessinés sur un œil vif fixant le spectateur.
On retrouve par exemple ce type physique dans le Portrait d’un joueur de luth, conservé au Musée des Beaux Arts de Boston ou encore dans le Portrait d’un ordre de malte conservé au Met à New York.
Bibliographie :
Le Gréco en Italie et dans l’art italien, exposition au Musée National d’Athènes, 1995, n°35 p 492 à 495
K.CHRISTIANSEN, A Caravaggio Rediscovered, Met, New-York, 1990, n°11 p 66-67
E.P. BOWRON, European Paintings before 1900 in the Fogg Art Museum, Harvard University, 1990