31.5 x 24.6 cm
Huile sur panneau
Signé sur l’accoudoir du fauteuil Garneray 1825
Provenance :
France, collection privée.
Bibliographie :
• Gérald Schurr, Les Petits Maîtres de la peinture 1820-1920, valeur de demain, Les Editions de l’Amateur, t. III, Paris, 1976.
• Pierre Mollier, Portraits secrets : les œuvres maçonniques du frère François-Jean Garneray, in Revue des musées de France-Revue du Louvre, no 2011-3, juin 2011, p. 43-51.
Entré dans l’atelier de Jacques-Louis David (Paris, 1748 – Bruxelles, 1825) en 1782, Jean-François Garneray (ou Garnerey) y devient l’un de ses premiers élèves. En assimilant rapidement les leçons reçues de son mentor, il développe un goût prononcé pour le portrait qu’il maîtrise et lui permettent de se distinguer aux Salons entre 1791 et 1835. L’influence de son maître s’estompe progressivement et prend la forme, sous la Révolution, d’une peinture plus austère et hybride : un savant mélange entre la scène de genre et le portrait. À partir du Consulat, Garneray se livre presque entièrement à la peinture de genre et portraits d’intérieurs intimistes, devenus caractéristiques de son œuvre.
Proche des acteurs politiques dont Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (ill. 1), et autres personnages de scènes dont il admire le talent, Jean-François Garneray croque ses modèles dans leur environnement de travail. Notre portrait présente Hippolyte Bis (Douai, 1789 – Paris, 1855), dramaturge reconnu notamment pour sa collaboration avec Étienne de Jouy dans la rédaction du livret de l’opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini (1829).
Le caractère privé de ces portraits, moins onéreux que les portraits officiels mais tout aussi précieux, les destinait généralement aux demeures particulières des commanditaires. Notre portrait ne déroge pas à la règle. Présenté à son bureau, assis sur un fauteuil gondole caractéristique de l’époque Empire, l’auteur semble interrompu dans sa réflexion par l’intervention du peintre. Le regard pensif, plongé dans celui du spectateur, il tient d’une main sa plume et de l’autre quelques feuilles contenant le premier acte de sa tragédie Attila publiée en 1822.
Jean-François Garneray traite ses figures sans artifice. À mi-corps, détachées d’un fond sombre brossé, ses figures sont régulièrement présentées à leur table de travail, dans un environnement familier et intimiste (ill. 2). Le cadrage resserré et le fond uni de notre tableau participent à la mise en valeur du personnage, dont la douceur du visage est soulignée par quelques élégantes touches roses de pinceau sur ses joues. La douce lumière, savamment maîtrisée, permet à l’œil de ne se concentrer que sur l’essentiel : le visage du modèle, la plume et les quelques feuilles du premier acte de sa pièce agissant ainsi comme des attributs. En choisissant lui-même ses modèles, Garneray gratifie ses sujets d’une exécution méticuleuse issue d’un long travail d’observation. Les détails y sont rendus fidèlement, dans une palette au service du calme et de la réflexion.
Artiste fécond, d’un pinceau rapide et brillant, Jean-François Garneray côtoie les grands noms du monde culturel et politique de son époque. Personnalité affirmée très en vogue, il reçoit de nombreuses commandes privées, dont notre tableau constitue un formidable exemple.
M.O.