Huile sur toile
Charles et son cousin, Henri Beaubrun, appartenaient à une famille de portraitistes français du XVIIème siècle.
Henri fut très tôt attaché au roi Louis XIII, grâce à la charge de valet de garde-robe qu’occupait son père. Il devint ainsi porte-arquebuse du Roi. Jacques Wilhelm, dans son article consacré à cette dynastie, rapporte les écrits de Guillet de Saint Georges à propos d’Henri : « Sa Majesté […] ayant remarqué qu’il avait un grande disposition au dessin, voulût qu’il s’y attachât et qu’en apprenant à peindre, il apprît aussi ce qui est essentiel à la peinture comme la perspective, l’architecture et les quelques principes de géométrie… Lorsqu’après la mort de son père, il eut été reçu valet de garde-robe, il continua si heureusement ses premières études, malgré la distraction de sa charge, que le roi lui fit l’honneur de le choisir pour lui montrer à peindre le pastel… ».
Louis Beaubrun, oncle de Charles et Henri, était portraitiste. C’est probablement lui qui forma ses deux neveux. Ils collaborèrent entre 1630 et 1675 et devinrent peintres du Roi. Ils peignirent alors beaucoup de portraits officiels conservés dans de prestigieux musées comme le « Portrait de la Reine Marie-Thérèse » au château de Versailles ou celui d’ « Anne d’Autriche » au Prado.
L’attitude de la jeune fille, à la fois pleine de retenue et de prestance, comme sa robe extrêmement prestigieuse, permettent de supposer son rang important. Le rendu des textiles est des plus minutieux et réalistes. La robe brodée de fils d’argent fait écho au brocart recouvrant la table, où repose délicatement la main droite de l’enfant qui tient une branche d’oranger, symbole de pureté et d’innocence. Les dentelles, le collier de perles et les rubans rouge noués dans la chevelure s’y adjoignent pour harmoniser la toile dans des tonalités bordeaux, rouge, blanche et grise. On retrouve souvent ces rubans, de couleur rouge ou bleu symbole du sang royal.
De la même manière que le « Portrait de la marquise de Montpensier » (1645, toile, Prado) et celui de « Claire-Clémence de Maillé » (toile, château de Châteauneuf sur Cher, collection du duc de Maillé), la princesse reprend une pose pratiquement identique à celle du Grand Dauphin dans son portrait du Prado (1663, toile). En effet, les bras et les mains, la pose du modèle et la mise en scène semblent copiés. Les Beaubrun avaient pour habitude de réitérer la position de leurs modèles d’un tableau à l’autre. Citons comme autre exemple les portraits de la « Marquise de la Sablière » (toile, château de Bussy-Rabutin) et de « Jeanne de Marigny » (toile, Londres, Victoria and Albert Museum).
Bibliographie :
J. Wihlelm, « Quelques œuvres oubliées ou inédites des peintres de la famille Beaubrun », Revue de l’art, n°5, 1969, p. 19-32
Guillet de Saint Georges, Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie Royale…, publiés par Dussieux, Soulié…, 1853, p. 137-146