Huile sur sa toile
Heinsius était un peintre allemand qui se forma dans l’atelier de son père, Johann Christian Heintze. Il peignit pour la principauté d’Hilburghausen avant de partir à la cour de Weimar en 1772. Lorsqu’il vint à Paris, il fut nommé peintre de Mesdames de France, filles de Louis XV.
Sur cet étonnant portrait, Heinsius représente Pierre-Simon de Laplace, mathématicien, astronome et homme politique. Ce savant fut reçu à l’Académie des Sciences dès l’âge de 34 ans, pour ses recherches sur la stabilité du système solaire. Ministre de Napoléon Bonaparte puis archichancelier du nouveau Sénat, il participa également à la fondation de l’Ecole Normale Supérieure au cours de l’An III. Cependant, Laplace est davantage connu pour ses travaux scientifiques, que ce soit les lois physiques qui portent son nom ou encore la loi sur la variation de la pression atmosphérique en fonction de l’altitude. D’ailleurs, ses études relatives à l’influence de la lune sur les marées sont encore d’actualité.
En donnant à son modèle une posture identique à celle de l’Autoportrait de Nicolas de Largillière (1711, toile, 80 x 65 cm, Versailles, Musée National du château), Heinsius rend hommage à ce grand portraitiste du Grand Siècle. Il lui dédie son tableau en mentionnant le nom de l’artiste (« N. Largillière ») sur l’ouvrage en bas à droite, à l’endroit même où Nicolas de Largillière a signé et daté son œuvre. De la même manière, soutenant le regard du spectateur, Laplace désigne de sa main gauche ses travaux, revendiquant ainsi son statut de mathématicien. Dans sa main droite, il tient le porte-mine avec lequel il vient de tracer son schéma, objet propre aux artistes et au scientifiques des XVIIe et XVIIIe siècle et que l’on trouve souvent dans leur portrait.
On reconnait dans ce portrait toute l’assurance de ce grand personnage de la vie intellectuelle de ce XVIIIe siècle, proche de d’Alembert et fortement imprégné par l’esprit des lumières.
Un autre portrait de Pierre-Simon de Laplace, sensiblement identique, est conservé au Musée de Lons-le-Saunier (1770, toile, 90 x 60 cm).