38 x 53 cm
1772.
Huile sur toile.
Signé et daté de 1772 en bas à gauche
Provenance
· Comte Alexandre S. Stroganov (de Stroganoff) (1733-1811), Moscou.
· France, collection particulière
Exposition
1773, Paris, Salon, no 94 : « Vue des environs de Tivoli. Tableau de 18 pouces de large et 13 pouces de haut. Appartient au comte de Stroganoff. ».
Ce tableau présente l’un des lieux les plus célèbres de l’Europe du XVIIIe siècle, point d’acmé du Grand Tour. Tivoli n’a cessé de fasciner Hubert Robert, comme en témoignent les nombreuses toiles qu’il a peintes au cours de sa carrière, montrant le pittoresque du site naturel et la richesse du patrimoine monumental. L’artiste avait visité Tivoli à plusieurs reprises, lors de son séjour à Rome entre 1754 et 1765.
En 1769, trois ans après sa réception en tant que peintre d’architecture à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Robert expose au Salon Les Cascatelles de Tivoli. Notre tableau, signé par Robert en 1772, dérive de cette composition, elle-même conçue dans l’émulation des célèbres vues de Joseph Vernet, alors maître incontesté dans le domaine de la vue fluviale.
Du tableau de Pau, Robert conserve le format horizontal cerné par des arbres sur les côtés et l’échelonnement des plans qui permet de montrer la population des campagnes romaines, puis la cascade et les ruines des monuments antiques de part et d’autre : le temple de Vesta et la villa de Mécène. Ce choix de composition et la variété des éléments naturels dépeints offrent de multiples changements de tonalités chromatiques. Ce procédé est d’autant plus ambitieux que Robert réalise plusieurs variations de vues de Tivoli, qu’il expose au Salon de 1769, 1771, 1773 et 1777. S’il ne change pas le cadrage, il varie les motifs, par exemple, le temple de Vesta peut être montré selon plusieurs côtés, avec ou sans l’église avoisinante, tandis que les figures et animaux sont substituables. Ainsi, sur le tableau de Pau, le chien aboie en direction d’un berger allongé, transformé en bœuf sur notre toile, puis substitué en ânes sur la peinture du Petit Palais signée en 1776 (inv. PPP257). Ces changements permettaient à chaque propriétaire des œuvres de posséder une variation issue d’un modèle prestigieux et présenté au Salon, ici, Les Cascatelles de Tivoli du Salon de 1769, appartenant au fameux comte de Saint-Florentin.
Les dimensions de l’œuvre et la date de 1772 correspondent à la version peinte pour le comte de Stroganoff et exposée au Salon de 1773. Le comte de Stroganoff comptait parmi les clients les plus importants de Robert et n’hésita pas à servir d’intermédiaire pour les commandes de peintures émanant de la famille impériale de 1772 à 1805.
Sarah Catala