Claude-Emile SCHUFFENECKER (1851-1934)

Vue des falaises d’Étretat

50 x 61 cm

Huile sur sa toile d’origine
Signé E. Schuffenecker 87 en bas à droite

Vue des falaises d’Étretat

Huile sur sa toile d’origine
50 x 61 cm
Signé en rouge E. Schuffenecker 87 en bas à droite

Provenance :
• France, collection particulière

Bibliographie :
• Claude-Emile Schuffenecker, 1851-1934 : [cat. exp], University Art Gallery, State University of New York at Binghamton, 1980] et Hammer Galleries 1981
• Émile Schuffenecker (1851-1934) : un méconnu : exposition rétrospective, peintures et pastels : Paris, Galerie Berri-Raspail, du vendredi 24 mars au samedi 15 avril 1944

« […] des peintres de Paris sont venus demander aux belles falaises d’Étretat des inspirations et des points de vue qui, reproduits sur la toile, exposés dans nos Musées, achetés par ces trop rares Mécènes qui échangent volontiers leur or contre les œuvres artistiques, ont porté au loin la renommée de ces naturelles et splendides illustrations ».
(Joseph Morlent, 1853)

Alsacien arrivé à Meudon à l’âge de deux ans, Claude-Émile Schuffenecker fait preuve de dons précoces dans le domaine artistique. Envoyé à Paris chez sa tante, il est amené à travailler chez Bertin, un courtier en banque. En 1872, il y fait la connaissance de Paul Gauguin, qui déterminera le reste de sa carrière : les deux hommes se lient d’amitié et vont étudier ensemble les toiles de maîtres au Louvre. En parallèle, Schuffenecker suit les cours du soir de la ville de Paris et prend des leçons auprès de Carolus-Duran et de Paul Baudry.
Son talent est rapidement reconnu par ses confrères. Il reçoit chez lui de nombreux artistes dont Guillaumin et Pissarro et expose au Salon. Ses œuvres témoignent d’ores et déjà de son attachement à la représentation de la nature.

« Pour créer un art il faut une âme, une âme qui sente, croie, espère, s’agite les yeux fixés sur un idéal. […] »

Sur la côte Normande où il passe ses étés, Schuffenecker s’intéresse au rendu des effets de lumière sur les falaises (ill. 1). En cette fin de siècle, le spectacle de la nature de la Normandie attire une communauté d’artistes aspirant à un renouveau de la peinture faisant face à l’attitude hostile du jury académique pris dans un étau entre progrès et conformisme. Dans ce désir de réalisme radical, l’artiste rend la nature dans sa pleine vérité, l’absence de figures permet de ne retranscrire que le dialogue silencieux du peintre avec son environnement. Notre œuvre témoigne de ce lien privilégié.
À Étretat le temps semble suspendu. Schuffenecker capture l’instant de cette lumière froide naturelle confondue entre des bleus et roses reflétées par les falaises, et des tonalités intensifiées annonçant l’arrivée d’un orage. Le motif est ici réduit à l’immédiateté, il s’agit de rendre, sans artifice, une simplicité des formes, telle que la nature s’offre à sa vue. Il s’attache à rendre le puissant contraste entre la verticalité des falaises et l’horizontalité de la mer qui s’affrontent et se rejoignent sans fin. Comme le peintre le long des falaises, l’œil du spectateur est invité à se promener sur la toile jusqu’à rencontrer le ciel. Grâce à une technique divisionniste et une touche hâtive presque frénétique, Schuffenecker transpose sur la surface plane de la toile l’effet du vent balayant la verdure, frappant les rochers et s’échouant sur la mer.

L’expérience de la spontanéité bouscule les lois de la peinture académique. Peindre sur le vif ouvre un nouveau spectre de mélange de couleurs fascinante. Dans cette quête d’intensité, les verts et les bleus s’affrontent et se rejoignent par une savante harmonie qui confère instantanément à l’œuvre un caractère flamboyant. L’ensemble de la composition colorée renforce l’atmosphère onirique qui annonce la seconde partie de la carrière de l’artiste.

M.O

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