René FREMIN (Paris 1672 – 1744)

« Flore »

Terre cuite, Signée et datée 1707

Issu d’une famille d’orfèvres, René Frémin se forma auprès de Coysevox puis de Girardon. Premier Prix de sculpture en 1694, il passa quatre ans à Rome, et fut reçu à l’Académie peu après son retour. Il présenta au Salon de 1704 l’Enlèvement de Déjanire par Hercule, un groupe ambitieux, dans lequel on décelait autant l’influence des Maîtres italiens (comme Jean de Bologne et le Bernin), que celle des sculpteurs de Versailles. Dès lors, c’est sur les chantiers des Bâtiments du Roi que Frémin déploiera ses talents, à Rambouillet, Paris, Versailles ou Marly.
La banqueroute de Law eut raison de la fortune de l’artiste, qui trouva dans l’invitation du roi d’Espagne, Philippe V, une heureuse issue à ses difficultés. Son travail au château de la Granja, dans le goût de Versailles, fut très apprécié. Anobli, nommé premier sculpteur du roi, Frémin rebâtit une fortune en Espagne où il demeura de 1721 à 1738. Les faveurs l’accompagnèrent à son retour en France, où il assuma la charge de Directeur puis de Recteur de l’Académie royale de peinture et sculpture.

Avant son départ pour l’Espagne, Frémin fut actif à Versailles et au Trianon, et l’on peut encore voir ses bas-reliefs dans la chapelle du château. Son travail l’emmena ensuite à Marly : la Direction des Bâtiments du Roi lui commanda en 1706 une statue de Flore, destinée à orner la Cascade champêtre du parc. Plusieurs artistes travaillèrent à cet ensemble de six statues, formant un décor représentant les Saisons et les Eléments. Frémin exécuta à partir de 1710 une seconde œuvre pour la cascade, la Compagne de Diane. Toutes deux sont aujourd’hui conservées au Louvre.
Le premier acompte pour la Flore de Marly fut versé à l’artiste le 12 septembre 1706. Le marbre (H : 167 cm) fut livré trois ans plus tard. Après la nationalisation des biens de la Couronne, il passa par le Musée des Monuments Français, puis orna longtemps la Malmaison avant d’être mis en dépôt au Louvre.
Datée de 1707, de taille demi-nature, notre terre cuite est probablement le modello utilisé par Frémin pour mettre au point et tailler le marbre de Flore. La qualité et la finesse de son modelé confortent cette idée.
Considérée aujourd’hui comme le chef d’œuvre de Frémin, la statue de Flore s’inscrit dans la lignée de Coysevox, augurant une nouvelle liberté expressive et virtuose qui rompt avec la sobriété du style Louis XIV. La déesse du printemps est ici représentée en contrapposto, couronnée de fleurs. Elle est à demi couverte d’une tunique mouillée qui découvre sa poitrine, épouse la courbe de son ventre, et s’enroule autour de son bras droit et de sa jambe gauche. La pose maniérée de ses mains souligne son allure gracieuse ; elle tient de la main gauche une guirlande de fleurs. On lit dans son visage aux traits réguliers un sourire à peine esquissé.

Il n’existe pas, à notre connaissance, d’autres terres cuites antérieures au marbre, ni d’autres exemplaires de dimensions inférieures. On connaît toutefois plusieurs répliques postérieures au marbre et de mêmes dimensions, mentionnées dans des collections ou des catalogues de vente. L’une d’elle, une œuvre posthume datée de 1754, est conservée au musée de Sceaux.
On peut comparer notre Flore à la Compagne de Diane vendu chez Sotheby’s le 9 novembre 2012 (n° 67). En terre cuite, et demi plus petite que le marbre correspondant, elle est considérée comme le modello de l’autre statue exécutée par Frémin pour la Cascade de Marly.

Provenance :
Italie, collection particulière
Bibliographie :
Du duc d’Anjou à Philippe V : le premier Bourbon d’Espagne, catalogue d’exposition, 5 avril-27 juin 1993, Sceaux : Orangerie du Domaine de Sceaux, 1993
F. SOUCHAL, French sculptors of the 17th and 18th century – The reign of Louis XIV, t. 1, Londres : Oxford, 1977, p. 302 - 353
S. LAMI, Dictionnaire des sculpteurs de l’école française sous le règne de Louis XIV, Paris, 1906, pp. 192 - 196
« Vie de M. Frémin »par le chevalier de Valory », in DUSSIEUX, SOULIE, CHENNEVIERES et al., Mémoires inédites sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et sculpture, t. 2, Paris, 1854, pp. 201 – 209

Charger plus