Bronze à patine verte.
Signé en haut à gauche et marque du fonderu Barbedienne sur le côté gauche de la terrasse.
Felix Desruelles entra à l’Académie de sa ville de Valenciennes à l’âge de 13ans. Il se distingua rapidement par son enthousiasme et son talent précoce et partit poursuivre ses études à l’école des Beaux-Arts de Paris en 1882 où il fut l’élève de Falguière, Rude, Carpeaux et Houdon. Sa persévérance et son talent lui valurent nombre de distinctions. Il reçut notamment le second Grand Prix de Rome en 1891, le prix des Salons en 1897 ainsi que trois ans plus tard la médaille d’or de l’Exposition Universelle de 1900 pour sa statue de « Job ». Nommé professeur à l’école des Beaux-Arts il fut également élu membre de l’Académie des Beaux Arts.
Auteur de divers bustes et figurines qu’il expose au Salon à partir de 1883, Desruelles fut d’abord excellent portraitiste, mais il s’avéra surtout être un étonnant créateur de monuments ; et plus particulièrement de monuments aux morts, qui scandent sa carrière et comptent parmi ses œuvres les plus personnelles.
Profondément ancré à gauche, l’engagement idéologique de Desruelles, soutien et source d’inspiration pour son art, s’exprime principalement au travers de ses statues de commémoration de la guerre de 14-18. Socialiste convaincu, il exhalte dans ces œuvres ses idéaux républicains à travers la mise en scènes d’hommes et de femmes ordinaires.
Desruelles fait ici écho à la veine du réalisme social et notamment aux scènes champêtres de Jean-François Millet. Son bras droit tendu vers l’arrière, le poing serré et son visage regardant résolument vers l’avant témoignent d’une grande force d’expression et insuffle à cet homme qui marche une dimension symbolique.
Or notre semeur, bas-relief de bronze marqué du sceau de l’excellence en matière de fonte (fonderie Barbedienne), est une version réduite du monument aux morts en hommage à Jean-Jaurès commandé à Desruelles par la ville de Dole. Desruelles décide de le représenter en semeur, faisant ainsi écho à la célèbre médaille de bronze de Roty datant de 1887 où la légendaire Marianne coiffée d’un bonnet phrygien sème généreusement ses idées républicaines aux quatre vents, et qui fut reproduite par la suite sur nombre de pièces de monnaies et timbres français. Ainsi, Jean Jaurès, pacifiste convaincu, mort assassiné en 1914 pour s’être ardemment opposé au déclenchement de la Grande Guerre, est ici représenté jetant allégoriquement à terre ses innombrables idées qui, peut être un jour, germeront et fleuriront.
Sur les trois autres faces de ce monument se trouvent des textes du grand tribun socialiste développant le thème de la paix ainsi qu’un médaillon en bronze à son effigie.
Inauguré le dimanche 20 janvier 1924 en présence de personnalités de gauche influentes dans la région, cette œuvre est une commémoration à la fois originale et engagée d’un grand homme élevé au rang de légende et de symbole de la République.
Biographie :
D.SAILLARD. La commémoration des grands hommes dans la région franc-comtoise sous la IIIème République (1870-1940) Leur statufication publique. p.31. Juin 1983 Maitrise M.Agulho