Bas relief en bronze dans un cadre en bois naturel.Signé vers la droite.
Sculpteur de formation, Meunier se consacra pourtant uniquement à la peinture jusqu’en 1884. Le peuple travailleur de plâtre et de bronze qui émerge alors progressivement de ses mains le révèle comme un sculpteur de talent, et ouvre de nouveaux horizons à la sculpture de la fin du siècle, loin de toute idéalisation académique. Cette mutation est le fruit d’une évolution en germe depuis la fin des années 1870. C’est à cette époque que le peintre d’histoire découvre l’univers industriel du bassin liégeois. Profondément marqué, il attache alors son talent à retranscrire les aspects sociaux et industriels de la Belgique, dans une réalité sans fards ni concessions. Après la métallurgie et la verrerie, Meunier est bouleversé par la découverte du « pays noir », ce bassin minier de la province du Hainaut. Il s’engage politiquement au sein du Parti ouvrier belge, choix qui se répercute dans sa recherche artistique : les mineurs occuperont dès lors le cœur de son œuvre.
Notre Tête de mineur est une belle illustration de cet art social cher à Meunier. C’est le marchand de charbon et amateur d’art Edouard Taymans qui, en 1904, lui passe commande d’une plaquette qu’il offrira à ses meilleurs clients. Le bas-relief réalisé par Meunier un an avant sa mort propose un mineur au profil émacié, dont les traits sont marqués par le dur labeur. En arrière-plan, la cheminée et le terril rappellent la réalité de son travail. Il existe des versions en plâtre, bronze et grès de cette œuvre, dont un exemplaire d’édition conservé au Musée d’Orsay. Cette « plaquette Taymans » rappelle dans ses formes le bas-relief de bronze que le sculpteur avait exposé au Salon en 1893, Mineurs à la sortie du puits, qui présent un même type de figures de profil, fatiguées par le labeur du Pays noir.